ARTISTE
En lien avec l'édition
« Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s’étiole dans cette appartenance. Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m’arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions. » Christian Bobin
Ce que je cherche avant tout lorsque j’illustre une histoire, écris, peints ou chante, quelque soit le médium, c'est une révélation qui servira ma quête d’harmonie. Pour moi, tout peut devenir dans les actes banals du quotidien, une occasion pour me relier à l'autre et à notre source commune. C’est à cette source génératrice de liberté et de joie que nous nous abreuvons et que pourtant nous oublions facilement dans cette existence agitée.
L'art nourrit le cœur. Il est un moyen extrêmement puissant pour comprendre notre voyage parfois si douloureux. Face à l’immensité de notre ignorance, le miroir de la création peut nous guider dans ce voyage vers l’inconnu parfois si difficile. À mes yeux, la qualité principale d’une oeuvre n’est pas qu’elle soit narrative, représentative, abstraite ou autre; mais bien qu’elle témoigne d’une présence-réalité vitale insaisissable conceptuellement, ce que les Japonais appellent le yugen. Pour moi, c’est en cela que l’oeuvre devient universelle, transcendant le temps et les modes.
Alejandro Jodorowsky dit que, dans son enfance, la lecture des contes l’a empêché de mourir, car il y a trouvé une nourriture qui a réenchanté son existence difficile d’alors.
"Tes illustrations sont merveilleuses, Annouchka. J’adore ton univers de couleurs et de magie. Tu parviens à utiliser un foisonnement de couleurs et de couches symboliques ou de mondes parallèles sans que ce soit le chaos et sans que cela nuise non plus à l’harmonie de l’ensemble, bien au contraire. C’est du grand art …" Dan Speerschneinder
Ce que je cherche avant tout lorsque j’illustre une histoire, écris, peints ou chante, quelque soit le médium, c'est une révélation qui servira ma quête d’harmonie. Pour moi, tout peut devenir dans les actes banals du quotidien, une occasion pour me relier à l'autre et à notre source commune. C’est à cette source génératrice de liberté et de joie que nous nous abreuvons et que pourtant nous oublions facilement dans cette existence agitée.
L'art nourrit le cœur. Il est un moyen extrêmement puissant pour comprendre notre voyage parfois si douloureux. Face à l’immensité de notre ignorance, le miroir de la création peut nous guider dans ce voyage vers l’inconnu parfois si difficile. À mes yeux, la qualité principale d’une oeuvre n’est pas qu’elle soit narrative, représentative, abstraite ou autre; mais bien qu’elle témoigne d’une présence-réalité vitale insaisissable conceptuellement, ce que les Japonais appellent le yugen. Pour moi, c’est en cela que l’oeuvre devient universelle, transcendant le temps et les modes.
Alejandro Jodorowsky dit que, dans son enfance, la lecture des contes l’a empêché de mourir, car il y a trouvé une nourriture qui a réenchanté son existence difficile d’alors.
"Tes illustrations sont merveilleuses, Annouchka. J’adore ton univers de couleurs et de magie. Tu parviens à utiliser un foisonnement de couleurs et de couches symboliques ou de mondes parallèles sans que ce soit le chaos et sans que cela nuise non plus à l’harmonie de l’ensemble, bien au contraire. C’est du grand art …" Dan Speerschneinder
Rendez-vous
avec Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle
La Société nationale du Québec à Laval vous convie, en partenariat avec la Société littéraire de Laval, à des cafés littéraires interculturels.
La revue ENTREVOUS numéro 22, juin 2022, a publié un article, Rendez-vous avec Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle,
article tiré d'un des six cafés littéraires de la série 2022.
La revue ENTREVOUS numéro 22, juin 2022, a publié un article, Rendez-vous avec Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle,
article tiré d'un des six cafés littéraires de la série 2022.
Qui est Annouchka Gravel Galouchko ?
Une artiste multidisciplinaire, descendante des fondateurs de Gravelbourg, en Saskatchewan, fille d’une mère québécoise et d’un père né à Paris de parents russes exilés au péril de leur vie afin d’échapper à la violence du régime bolchévique. Le parcours de sa vie tumultueuse a démarré en Égypte pendant la guerre des Six Jours, pour se poser au Québec, à vaudreuil-Dorion, en passant par l’Iran, l’Autriche, le Mexique et la France.
Elle est artiste multidisciplinaire, autrice et conteuse, et lorsqu’elle conjugue ses dessins et ses mots, cela donne, par exemple, les magnifiques albums jeunesse Le Jardin de Monsieur Préfontaine* et Shō et les dragons d’eau *.
Q – Annouchka, quelle est la genèse de ce conte ?
R – Un festival de cerfs-volants à Montréal ! Il y avait un cerf-volant, à mes yeux très particulier : le cervoliste avait enroulé autour de ses reins une longue corde sur laquelle il avait enfilé des découpes de papier blanc en forme d’oiseaux qui, agités par le vent, montaient dans le ciel en une file étincelante. J’ai eu l’impression que chaque oiseau était la vertèbre d’une colonne vertébrale humaine géante tendue vers les hauteurs. Solidement ancré au sol, le cervoliste était très concentré... Le titre de mon conte s’est alors révélé tout naturellement. Bien des cerfs-volants prennent la forme de dragons en Extrême-Orient. J’ai tout simplement utilisé cette tradition pour exprimer les peurs et les démons intérieurs que les habitants d’un ancien village refoulaient dans la mer – symbole de l’inconscient collectif – et je leur ai donné, par l’intermédiaire de la jeune Shō, le courage et la sagesse de plutôt les exposer à la lumière du soleil – symbole de la pleine conscience. Depuis, les dragons s’élèvent joyeusement vers le ciel ! La peur est transformée en joie et en inspiration créatrice : tout cela n’est-il pas merveilleux et plein d’espoir ?
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Lors de la Fête nationale du Québec 2022, Annouchka Gravel Galouchko a participé à une fête de quartier organisée par la Société littéraire de Laval, en partenariat avec le Collectif Écorécoltes et la Société nationale du Québec à Laval. Elle a lu aux petits son album Le Jardin de Monsieur Préfontaine*, et a partagé avec les grands ses sources d’inspiration. voir l’article paru dans ENtREvouS 20, p. 64.
Pour son album jeunesse Shō et les dragons d’eau,* Annouchka Gravel Galouchko a reçu en 1995 un Prix du Gouverneur général du Canada pour les illustrations, et un Ontario Silver Birch Award pour les illustrations et le texte, en plus d’avoir été finaliste au Prix du livre M. Christie récompensant les meilleurs livres pour la jeunesse parus au Canada. À l’international, la France, la Pologne et l’Allemagne ont confirmé la qualité de cet album par une médaille d’argent et des mentions honorables
Annouchka Gravel Galouchko
Shō et les dragons d’eau
Le début du conte
Il y a bien longtemps, au Japon, les gens avaient la mauvaise habitude de jeter à la mer tous leurs cauchemars. Comme ils en avaient peur et honte, ils les enfermaient dans des sacs qu’ils lançaient en cachette dans les vagues.
La mer, très malheureuse, devenait
houleuse. Les sacs ballotés se déchiraient
et des monstres hurlants et déchaînés en sortaient. Ils se dressaient très haut sur la crête des vagues, engloutissant les pêcheurs et leur barque.
Le poisson devenait tellement rare que seuls l’empereur et quelques personnes fortunées pouvaient s’en procurer.
Dans un village côtier vivait une riche famille. Elle avait à son service une petite fille qui travaillait au jardin. Shō avait dû quitter l’école pour aider ses parents à gagner leur pain. Le papa de Shō était pêcheur et comme tous ceux de son village, il était sans travail.
Shō était un véritable rayon de soleil. Elle avait un don : elle savait lire dans les cœurs. Shō pouvait même lire dans le cœur des pierres, tendre malgré ce qu’on en disait.
Bien souvent, les gens du village lui demandaient conseil. Un soir d’été, trois pêcheurs vinrent la trouver.
Ils se confièrent : « La situation dans laquelle nous vivons ne peut plus continuer ; la mer, pleine de démons, est montée contre nous. Au village, c’est la misère [...].
ENTREVOUS •22
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Annouchka Gravel Galouchko
Autoportrait en Tsarine et chanson pour la grand-mère russe
Contexte :
Cet autoportrait a paru en tons de gris à la page 37 de la revue Brèves littéraires 85. tout comme le haïsha « tōkyō au Costa Rica » de la page 32 d’Entrevous 21, il attendait depuis 2012 une publication en couleurs qui lui rende justice, d’autant plus qu’au café littéraire, Annouchka Gravel Galouchko a interprété la chanson Nastalghia. Ses mots, sur une mélodie du folklore tzigane, sont un hommage à sa grand-mère russe, Larissa Konopichine, et à son grand-père ukrainien, Ievgueni Galouchko.
Médium :
Procédés mixtes sur porte, transferts de mots à partir d'un portait de l'artiste photographié par Daniel Cuillerier. À noter qu’elle porte un chapeau fait main de l’artiste Stéphan Daigle, son conjoint.
Extrait de la chanson Nastalghia
Aie ! Nastalghia, laï, laï, laï ! Aie ! J’ai mal à ta Russie ! Aie ! Louli, louli, louli !
Aie ! J’ai mal à ton Ukraine !
J’aime ton rêve, nostalgique grand-mère Les Tziganes chantaient la vie
Le ciel si clair des yeux de tes pères Faisait l’amour à la terre
Vent des steppes, champs de tournesols Tu buvais l’or fin de ses fleurs
Le cri bleu du rossignol
Troublait le silence de ton cœur
ENTREVOUS •22
Une artiste multidisciplinaire, descendante des fondateurs de Gravelbourg, en Saskatchewan, fille d’une mère québécoise et d’un père né à Paris de parents russes exilés au péril de leur vie afin d’échapper à la violence du régime bolchévique. Le parcours de sa vie tumultueuse a démarré en Égypte pendant la guerre des Six Jours, pour se poser au Québec, à vaudreuil-Dorion, en passant par l’Iran, l’Autriche, le Mexique et la France.
Elle est artiste multidisciplinaire, autrice et conteuse, et lorsqu’elle conjugue ses dessins et ses mots, cela donne, par exemple, les magnifiques albums jeunesse Le Jardin de Monsieur Préfontaine* et Shō et les dragons d’eau *.
Q – Annouchka, quelle est la genèse de ce conte ?
R – Un festival de cerfs-volants à Montréal ! Il y avait un cerf-volant, à mes yeux très particulier : le cervoliste avait enroulé autour de ses reins une longue corde sur laquelle il avait enfilé des découpes de papier blanc en forme d’oiseaux qui, agités par le vent, montaient dans le ciel en une file étincelante. J’ai eu l’impression que chaque oiseau était la vertèbre d’une colonne vertébrale humaine géante tendue vers les hauteurs. Solidement ancré au sol, le cervoliste était très concentré... Le titre de mon conte s’est alors révélé tout naturellement. Bien des cerfs-volants prennent la forme de dragons en Extrême-Orient. J’ai tout simplement utilisé cette tradition pour exprimer les peurs et les démons intérieurs que les habitants d’un ancien village refoulaient dans la mer – symbole de l’inconscient collectif – et je leur ai donné, par l’intermédiaire de la jeune Shō, le courage et la sagesse de plutôt les exposer à la lumière du soleil – symbole de la pleine conscience. Depuis, les dragons s’élèvent joyeusement vers le ciel ! La peur est transformée en joie et en inspiration créatrice : tout cela n’est-il pas merveilleux et plein d’espoir ?
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Lors de la Fête nationale du Québec 2022, Annouchka Gravel Galouchko a participé à une fête de quartier organisée par la Société littéraire de Laval, en partenariat avec le Collectif Écorécoltes et la Société nationale du Québec à Laval. Elle a lu aux petits son album Le Jardin de Monsieur Préfontaine*, et a partagé avec les grands ses sources d’inspiration. voir l’article paru dans ENtREvouS 20, p. 64.
Pour son album jeunesse Shō et les dragons d’eau,* Annouchka Gravel Galouchko a reçu en 1995 un Prix du Gouverneur général du Canada pour les illustrations, et un Ontario Silver Birch Award pour les illustrations et le texte, en plus d’avoir été finaliste au Prix du livre M. Christie récompensant les meilleurs livres pour la jeunesse parus au Canada. À l’international, la France, la Pologne et l’Allemagne ont confirmé la qualité de cet album par une médaille d’argent et des mentions honorables
Annouchka Gravel Galouchko
Shō et les dragons d’eau
Le début du conte
Il y a bien longtemps, au Japon, les gens avaient la mauvaise habitude de jeter à la mer tous leurs cauchemars. Comme ils en avaient peur et honte, ils les enfermaient dans des sacs qu’ils lançaient en cachette dans les vagues.
La mer, très malheureuse, devenait
houleuse. Les sacs ballotés se déchiraient
et des monstres hurlants et déchaînés en sortaient. Ils se dressaient très haut sur la crête des vagues, engloutissant les pêcheurs et leur barque.
Le poisson devenait tellement rare que seuls l’empereur et quelques personnes fortunées pouvaient s’en procurer.
Dans un village côtier vivait une riche famille. Elle avait à son service une petite fille qui travaillait au jardin. Shō avait dû quitter l’école pour aider ses parents à gagner leur pain. Le papa de Shō était pêcheur et comme tous ceux de son village, il était sans travail.
Shō était un véritable rayon de soleil. Elle avait un don : elle savait lire dans les cœurs. Shō pouvait même lire dans le cœur des pierres, tendre malgré ce qu’on en disait.
Bien souvent, les gens du village lui demandaient conseil. Un soir d’été, trois pêcheurs vinrent la trouver.
Ils se confièrent : « La situation dans laquelle nous vivons ne peut plus continuer ; la mer, pleine de démons, est montée contre nous. Au village, c’est la misère [...].
ENTREVOUS •22
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Annouchka Gravel Galouchko
Autoportrait en Tsarine et chanson pour la grand-mère russe
Contexte :
Cet autoportrait a paru en tons de gris à la page 37 de la revue Brèves littéraires 85. tout comme le haïsha « tōkyō au Costa Rica » de la page 32 d’Entrevous 21, il attendait depuis 2012 une publication en couleurs qui lui rende justice, d’autant plus qu’au café littéraire, Annouchka Gravel Galouchko a interprété la chanson Nastalghia. Ses mots, sur une mélodie du folklore tzigane, sont un hommage à sa grand-mère russe, Larissa Konopichine, et à son grand-père ukrainien, Ievgueni Galouchko.
Médium :
Procédés mixtes sur porte, transferts de mots à partir d'un portait de l'artiste photographié par Daniel Cuillerier. À noter qu’elle porte un chapeau fait main de l’artiste Stéphan Daigle, son conjoint.
Extrait de la chanson Nastalghia
Aie ! Nastalghia, laï, laï, laï ! Aie ! J’ai mal à ta Russie ! Aie ! Louli, louli, louli !
Aie ! J’ai mal à ton Ukraine !
J’aime ton rêve, nostalgique grand-mère Les Tziganes chantaient la vie
Le ciel si clair des yeux de tes pères Faisait l’amour à la terre
Vent des steppes, champs de tournesols Tu buvais l’or fin de ses fleurs
Le cri bleu du rossignol
Troublait le silence de ton cœur
ENTREVOUS •22
Annouchka Gravel Galouchko
Marie-Claire-Blais : une amitié
Marie-Claire Blais a écrit la préface d’Envol imaginaire, la monographie consacrée aux œuvres visuelles – peintures et illustrations – d’Annouchka Gravel Galouchko. Ce beau-livre a paru à Montréal en 1998 aux éditions Les 400 coups.
«Dans sa peinture, ses illustrations, Annouchka Galouchko nous enveloppe, avec ses couleurs chaudes, l’audace de son envol imaginaire, de la beauté mouvante du monde, le monde et ses légendes puisées à toutes les cultures, tous les pays, son inspiration se réchauffant parfois aux nuances somptueuses de l’orient. Comme Chagall qui se sert de la vitalité du folklore juif pour peindre la fable religieuse d’un tableau ou d’un vitrail, Annouchka Galouchko ressuscite le monde ancien et le nouveau en les pliant à ses propres lois de magie et d’envoûtement secret. Elle recrée l’innocence d’un paradis dont elle connaît la précarité, ce paradis toujours sur le point d’être perdu, anéanti par les fureurs guerrières de notre temps, elle unit dans une même harmonie pays merveilleux, hommes et animaux longtemps séparés les uns des autres par un même exil, et dans ce paradis aux intenses chaleurs, de précieuses récoltes croissent pour les générations à venir, la vie éclate généreusement avec l’abondance des fleurs et des fruits, la végétation est, le soir, roussie par ce soleil crépusculaire des paysages d’Émile Nolde ; dans cette fable qui ravit l’œil et le surprend, nous sommes près de ces amants de Chagall frôlant dans un tourbillon de feu et de neige au-dessus de leur ville... une lune, un chat ; les amants d’Annouchka Galouchko portent sur leur cœur un oiseau, ses arbres marchent avec des corps d’hommes, leurs têtes se transforment en brasiers tendant leurs branches fécondées, les tortues, les chiens, les petits chevaux, les ânes et les colombes, les pigeons blancs envahissent les toits des maisons et la verdure des collines, un pommier peut devenir aussi un garçon noir sous un chapeau de paille..., nous sommes éblouis de féeriques images et des sortilèges de ce monde renversé »sous le trait brûlant des couleurs du peintre qui raconte aussi une histoire. [...]
Annouchka Gravel Galouchko
Lettre à Marie-Claire Blais
Contexte :
Un an avant le décès, le 30 novembre 2021, de la grande écrivaine québécoise Marie- Claire Blais, Annouchka Gravel Galouchko lui a écrit une lettre scellant à jamais leur amitié.
Entrevous a le privilège de la publier.
Chère Marie-Claire,
En contemplant certains de mes tableaux, tu as écrit pour la préface du recueil Envol imaginaire consacré à ma peinture, que mon empreinte charnelle faisait vibrer la toile; qu’aux frémissements de joie des corps vivants qui s’enlacent ou se quittent se mêlait une peur sourde, car mes sensuels danseurs au paradis dansent aussi sur un monde en feu. Que je recréais l’innocence d’un paradis dont je connaissais la précarité, un paradis toujours sur le point d’être perdu, anéanti par les fureurs guerrières de notre temps. Que je peignais cette chair rouge des vivants, facilement blessée ; que je peignais ce paradis où s’enflamment les arbres, que leurs têtes se transformaient en brasiers tendant leurs branches fécondées; que je revêtais aussi d’or et de cet insoutenable bleu fondant vers le noir les anges ou les saints, comme d’errantes victimes cherchant leur parcours entre terre et ciel. Ou ce qui fut hier le paradis, pour elles.
Marie-Claire, ce n’est pas peu dire, le mot paradis pour décrire mes œuvres revient cinq fois dans ton texte poétique ! Ébranlée dès mon plus jeune âge par la souffrance du monde, je cherche à me réveiller du cauchemar collectif et à retrouver en moi ce fameux paradis dont je crois que nous avons tous la nostalgie, car au plus profond de nous-mêmes, nous y avons déjà goûté.
Petite fille, je berçais et soignais de mes tendresses enfantines un crucifix que ma famille avait rapporté de Jérusalem. En guise de prière du soir, je le bordais dans une boîte à chaussures transformée en lit douillet. Dans mon cœur d’enfant, le pauvre Christ amoché faisait tellement pitié que je me devais de le guérir et de réparer tout le mal qu’on lui avait infligé.
Je me revois jeune femme dans la vingtaine, concentrée dans la création d’un tableau. Soudainement, une puissance redoutable se réveille en moi. Au moment où mon pinceau trace un grand trait rouge sur la toile immaculée, une flèche me traverse du coccyx à la fontanelle. Ébranlée par son vrombissement le long de ma colonne vertébrale, j’ai la sensation qu’un geyser explose dans mon cerveau et se dissout, étincelant, dans l’infini du ciel. Durant ces quelques instants, je deviens un espace clair et vide.
Ce premier éveil de la kuṇḍalinī*, déclenché en plein acte de création, est si violent que mon mental s’emballe de concert avec mon cœur. Mon corps brûle et tremble de froid tout à la fois. Le souffle du dragon ouvre une brèche dans mon inconscient. Les guerres de l’humanité défilent dans le miroir de ma psyché affolée. D’intolérables scènes guerrières d’avions en flammes et de bombardement affluent dans mon esprit. Dans les pays de l’Est, je subis la crémation. En Inde, je suis l’épouse sacrifiée au bûcher. Au Moyen Âge, sorcière, je deviens torche vivante. Mon corps aspire à lui toutes les flammes du monde.
Dans cette nuit noire de mon âme de peintre, je projette mon trouble sur de très grandes toiles. Le corps nu, enduit de peinture, je m’imprime sur leur blancheur pour tenter de m’enraciner dans la matérialité. Puis dans un besoin impérieux de sentir le prix de l’effort physique, j’attaque des panneaux de bois à la torche puis les arrose à grande eau. Attendries par la flamme purificatrice, les fibres révèlent des surfaces texturées qui parlent des ravages de ma propre expérience. Il m’en faut plus encore, alors j’intègre dans mes œuvres des os et des rebuts ramassés dans les cours de récupération. Mes mains pleines d’énergie transforment les scories de l’inconscient collectif en or.
Chère Marie-Claire, nos âmes se sont rencontrées. tes mots ont su nommer la fragilité sensible véhiculée par mon travail. tu m’as offert ton amitié et ton soutien. Je t’en suis profondément reconnaissante. tu nous as quittés, mais l’écho de ta présence résonne toujours en moi. Il me dit qu’on ne peut perdre son âme et que la mort est illusoire.
Annouchka
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*Kuṇḍalinī est un terme sanskrit lié au yoga. Il désigne la puissante énergie vitale logée à la base de la colonne vertébrale, dont l’éveil permet le passage de l’individuel à l’universel.
ANNOUCHKA GRAVEL GALOUCHKO, SON FILS SACHA Et MARIE-CLAIRE BLAIS chez l'artiste PHOTO STÉPHAN DAIGLE, 2004
ENTREVOUS •22
ENTREVOUS •22
Annouchka Gravel Galouchko et Gaston Miron : une amitié
C’est le poète Gaston Miron qui a titré l’œuvre en empruntant un vers de « Compagnon des Amériques », un poème de son recueil
En 1991 et 1992, L’homme d’Annouchka a été la mascotte du poète, pour ses spectacles La Marche à l’amour.
ENTREVOUS •22
C’est le poète Gaston Miron qui a titré l’œuvre en empruntant un vers de « Compagnon des Amériques », un poème de son recueil
En 1991 et 1992, L’homme d’Annouchka a été la mascotte du poète, pour ses spectacles La Marche à l’amour.
ENTREVOUS •22
L’homme artériel de tes gigues
Acrylique et procédés mixtes sur bois 218 cm x 76 cm, 1991 Rapprochement : nous sommes dansés. Avec Stéphan Daigle : une vie d’artistes Annouchka et son conjoint Stéphan Daigle forment depuis 30 ans un couple d’artistes qui créent souvent ensemble. voici un exemple où le style graphique épuré de Stéphan rencontre l’abondance des détails et la spontanéité d’Annouchka. Le couple a participé au festival Lumin’Art 2021 de vaudreuil- Dorion. Sur la photo in situ, la lanterne aux biches enlacées de Stéphan jouxte celle où les motifs découpés de Stéphan se superposent à un paysage d’Annouchka. Diables ! est un conte écrit par Annouchka et illustré par Stéphan, dont la genèse est révélée en introduction : J’ai fait un drôle de rêve. C’est la nuit et je suis as- sise au milieu d’un immense escalier de marbre blanc qui n’en finit plus. Il n’y a pas un chat et il fait noir comme chez le diable. Soudain, je me rends compte que, tout en bas, dans les tréfonds, se trouve l’enfer. [...] À mon réveil, une chanson folklorique de mon enfance « Le diable est sorti de l’enfer » me trotte dans la tête... C’est ainsi que je décide de lui inventer une suite, et comme dans mon rêve, je refuse de donner au diable le dernier mot. Et Annouchka raconte ensuite les aventures que vécurent, au royaume de Lucifer, quatre insatisfaits de leur vie terrestre : Charles le minotier, Henriette l’avocate, Pierre le forgeron et Chloé la couturière. ENTREVOUS •22 |
lettre à éléonore, nouveauté 2022
Cliquez sur le titre pour voir quelques pages de l'album
LE CABINET DE CURIOSITÉS… LITTÉRAIRES
LITTÉRATURE
15 octobre 2022
Dans le registre de la réflexion, Daniel Odier signe une lettre poétique invitant également à la contemplation et à l’émerveillement. Lettre à Éléonore, destinée aux enfants, mais aussi aux adultes, pose huit questions essentielles sur la vie. À la troublante question « À quoi ça sert de vivre je n’ai que des soucis dans la vie », qui pourrait angoisser plus d’un jeune esprit, ou encore le toucher si celui-ci est profondément souffrant, cet auteur suisse extrêmement prolifique propose une réponse apaisante : «Mieux tu te sens, plus tu peux observer comme c’est beau d’être en vie, de simplement marcher, d’entendre le chant d’un oiseau, de toucher un marron, de goûter la saveur d’une pomme […]. La vie ça sert à ça, à être pleinement vivant. » Un des principaux intérêts de ce texte tiré du Grand sommeil des éveillés est son actuelle réédition, illustrée par Annouchka Gravel Galouchko, fille d’un Russe et d’une Canadienne. Les dessins de ce livre sont tirés d’un seul tableau; ces riches illustrations évoquant autant de « blessures d’un vieux sac à cauchemars rapiécé » – ce sont les mots d’Annouchka – ont ce quelque chose de magique en ce sens qu’ils ouvrent la porte à l’invisible; un chemin pour retrouver « notre visage originel, celui que nous avions avant que naissent nos parents ». Cet ambitieux programme, dont l’intention est louable, oscille entre la lumière et l’obscurité, les propos limpides et les envolées tortueuses. Si certaines descriptions verbeuses peuvent dérouter le lecteur, ce n’est jamais le cas des dessins. L’iconographie d’Annouchka lui ressemble : elle émane l’amour, le désir de paix, le respect, la fascination du sacré, parfum d’un héritage slave. Cependant, dans cet album de bonne volonté, l’essentiel est traité : « Le cœur, c’est la vie, c’est ce qui bat en toi, c’est ce qui s’étend lorsque tu es heureuse et qui devient petit lorsque tu es triste. »
Tout le monde est Éléonore.
15 octobre 2022
Dans le registre de la réflexion, Daniel Odier signe une lettre poétique invitant également à la contemplation et à l’émerveillement. Lettre à Éléonore, destinée aux enfants, mais aussi aux adultes, pose huit questions essentielles sur la vie. À la troublante question « À quoi ça sert de vivre je n’ai que des soucis dans la vie », qui pourrait angoisser plus d’un jeune esprit, ou encore le toucher si celui-ci est profondément souffrant, cet auteur suisse extrêmement prolifique propose une réponse apaisante : «Mieux tu te sens, plus tu peux observer comme c’est beau d’être en vie, de simplement marcher, d’entendre le chant d’un oiseau, de toucher un marron, de goûter la saveur d’une pomme […]. La vie ça sert à ça, à être pleinement vivant. » Un des principaux intérêts de ce texte tiré du Grand sommeil des éveillés est son actuelle réédition, illustrée par Annouchka Gravel Galouchko, fille d’un Russe et d’une Canadienne. Les dessins de ce livre sont tirés d’un seul tableau; ces riches illustrations évoquant autant de « blessures d’un vieux sac à cauchemars rapiécé » – ce sont les mots d’Annouchka – ont ce quelque chose de magique en ce sens qu’ils ouvrent la porte à l’invisible; un chemin pour retrouver « notre visage originel, celui que nous avions avant que naissent nos parents ». Cet ambitieux programme, dont l’intention est louable, oscille entre la lumière et l’obscurité, les propos limpides et les envolées tortueuses. Si certaines descriptions verbeuses peuvent dérouter le lecteur, ce n’est jamais le cas des dessins. L’iconographie d’Annouchka lui ressemble : elle émane l’amour, le désir de paix, le respect, la fascination du sacré, parfum d’un héritage slave. Cependant, dans cet album de bonne volonté, l’essentiel est traité : « Le cœur, c’est la vie, c’est ce qui bat en toi, c’est ce qui s’étend lorsque tu es heureuse et qui devient petit lorsque tu es triste. »
Tout le monde est Éléonore.
POUR ENFANTS ET GRANDS
Deux livres de sagesse illustrés
Dans le premier, Daniel Odier, bien connu pour ses livres sur tantrisme et le Chan, répond avec simplicité à Éléonore, une petite fille de 7 ans qui pose huit questions essentielles, du style, À quoi ressemble le cœur? À quoi ça sert de vivre? Pourquoi aime-t-on? ou encore, Dieu existe-t-il?" Les dessins poétiques d'Annouchka Gravel Galouchko sont magnifiques.
LE JOURNAL DU YOGA rubrique à lire, à voir, à écouter
Paris-France
Deux livres de sagesse illustrés
Dans le premier, Daniel Odier, bien connu pour ses livres sur tantrisme et le Chan, répond avec simplicité à Éléonore, une petite fille de 7 ans qui pose huit questions essentielles, du style, À quoi ressemble le cœur? À quoi ça sert de vivre? Pourquoi aime-t-on? ou encore, Dieu existe-t-il?" Les dessins poétiques d'Annouchka Gravel Galouchko sont magnifiques.
LE JOURNAL DU YOGA rubrique à lire, à voir, à écouter
Paris-France
Quand l'art fait œuvre utile
Passionnés de leur métier respectif, Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle sont prêts à s’investir dans un travail de longue haleine pour publier des projets qui leur tiennent à cœur. Le 7 décembre dernier marquait donc le lancement au Québec de leurs deux albums illustrés pour les Éditions du Relié à Paris.
UN TRAVAIL DE LONGUE DURÉE.
Artiste multidisciplinaire, Mme Gravel Galouchko présente, cette année, un album sur lequel elle a travaillé depuis 2013. Il y a plusieurs années déjà., elle a découvert le livre Le grand sommeil des éveillés de Daniel Odier, maitre zen et écrivain, dans lequel une petite fille se pose des questions fondamentales. Très touchée par ce texte, Mme Gravel Galouchko a contacté l’auteur et l’éditeur en vue d’illustrer le livre et le rendre accessible à un lectorat plus jeune. « J’ai toujours voulu illustrer ou écrire des textes qui étaient signifiants, où je peux grandir et où je peux cheminer », explique-t-elle.
NOTRE RAPPORT AVEC LA NATURE
La reconnexion avec la nature est au cœur de l’album Lettre à Éléonore – Huit questions essentielles sur la vie : « Le simple fait de respirer, de vivre, de marcher, d’être attentif aux arbres, aux oiseaux et quand on est déprimé de penser à lever la tête vers le ciel », ajoute Mme Gravel Galouchko. « Il y a une extraordinaire connexion entre les images et le texte dans l’album », poursuit Stephan. Le travail d’illustration et d’édition aura pris plusieurs années avant que le livre ne soit publié.
Noémie Florence Faubert
VOIXRÉGIONALE VIVA MÉDIA
Vaudreuil Soulanges
UN TRAVAIL DE LONGUE DURÉE.
Artiste multidisciplinaire, Mme Gravel Galouchko présente, cette année, un album sur lequel elle a travaillé depuis 2013. Il y a plusieurs années déjà., elle a découvert le livre Le grand sommeil des éveillés de Daniel Odier, maitre zen et écrivain, dans lequel une petite fille se pose des questions fondamentales. Très touchée par ce texte, Mme Gravel Galouchko a contacté l’auteur et l’éditeur en vue d’illustrer le livre et le rendre accessible à un lectorat plus jeune. « J’ai toujours voulu illustrer ou écrire des textes qui étaient signifiants, où je peux grandir et où je peux cheminer », explique-t-elle.
NOTRE RAPPORT AVEC LA NATURE
La reconnexion avec la nature est au cœur de l’album Lettre à Éléonore – Huit questions essentielles sur la vie : « Le simple fait de respirer, de vivre, de marcher, d’être attentif aux arbres, aux oiseaux et quand on est déprimé de penser à lever la tête vers le ciel », ajoute Mme Gravel Galouchko. « Il y a une extraordinaire connexion entre les images et le texte dans l’album », poursuit Stephan. Le travail d’illustration et d’édition aura pris plusieurs années avant que le livre ne soit publié.
Noémie Florence Faubert
VOIXRÉGIONALE VIVA MÉDIA
Vaudreuil Soulanges
Les Cerfs-volants ensorcelés
Écrit et illustré par Annouchka Gravel Galouchko, Ed.Leméac, 2004
Il ne faut pas tenter de museler l’imaginaire, mais le laisser s’envoler au gré des courants et des vents. Voilà la morale de ce beau conte baigné de symbolisme et de sagesse orientale. Choisi par l’empereur d’un pays que l’on devine être asiatique pour accueillir un grand concours de cerfs-volants, un village devient soudainement la proie d’une folle frénésie. Obsédés par la compétition, les habitants essaient de provoquer leurs rêves, première source de leur inspiration créatrice. Mais on ne badine pas avec les rêves, apprendront à leurs dépens les villageois. “La veille du festival, tous les cerfs-volants du village avaient été accrochés aux toits des maisons. Il y avait tant de rêves suspendus au firmament que le soleil avait disparu. Le hameau, plongé dans une nuit sans fin, ne se réveilla plus, à l’exception des enfants.” Le village sombre dans l’oubli et la tristesse. Kitao et Yamauba, deux enfants partis chercher de l’aide, échappent heureusement au maléfice. Ils n’oublieront pas leurs familles et amis. Suite de Shō et les Dragons d’eau (prix du Gouverneur général en 1995), Les Cerfs-volants ensorcelés est une fable légère et grave portée par la voix aérienne de la peintre et auteure Annouchka Gravel Galouchko. Ses illustrations élégantes nimbent le récit d’une atmosphère fantastique. Un conte qui plaira aux enfants et charmera leurs parents.
Pascale Millot
Un petit conte philosophique
Les petits contes philosophiques ne sont pas monnaie courante. C'est pourquoi ils nous chavirent autant lorsqu'un auteur nous offre un si beau cadeau. Les Cerfs-volants ensorcelés est un petit bijou, lumineux et intelligent, qui met en scène des créateurs de rêves. Dans la foulée de Shô et les dragons d'eau, ce magnifique album récipiendaire du prix du Gouverneur général (1995), nous revoici plongés dans une histoire de cerfs-volants. L'exotisme de ce roman hors norme séduit : il est empreint de cette sagesse orientale qui nous entraîne au-delà des frontières du réel. Les illustrations sont tout simplement magnifiques et évoquent cette légèreté propre au matériau de l'histoire. Avec simplicité, il nous prédispose à la réflexion et au partage. Un hommage à la liberté et à son pouvoir de créativité.
Commentaire de Brigitte Moreau, auteure et critique littéraire
Écrit et illustré par Annouchka Gravel Galouchko, Ed.Leméac, 2004
Il ne faut pas tenter de museler l’imaginaire, mais le laisser s’envoler au gré des courants et des vents. Voilà la morale de ce beau conte baigné de symbolisme et de sagesse orientale. Choisi par l’empereur d’un pays que l’on devine être asiatique pour accueillir un grand concours de cerfs-volants, un village devient soudainement la proie d’une folle frénésie. Obsédés par la compétition, les habitants essaient de provoquer leurs rêves, première source de leur inspiration créatrice. Mais on ne badine pas avec les rêves, apprendront à leurs dépens les villageois. “La veille du festival, tous les cerfs-volants du village avaient été accrochés aux toits des maisons. Il y avait tant de rêves suspendus au firmament que le soleil avait disparu. Le hameau, plongé dans une nuit sans fin, ne se réveilla plus, à l’exception des enfants.” Le village sombre dans l’oubli et la tristesse. Kitao et Yamauba, deux enfants partis chercher de l’aide, échappent heureusement au maléfice. Ils n’oublieront pas leurs familles et amis. Suite de Shō et les Dragons d’eau (prix du Gouverneur général en 1995), Les Cerfs-volants ensorcelés est une fable légère et grave portée par la voix aérienne de la peintre et auteure Annouchka Gravel Galouchko. Ses illustrations élégantes nimbent le récit d’une atmosphère fantastique. Un conte qui plaira aux enfants et charmera leurs parents.
Pascale Millot
Un petit conte philosophique
Les petits contes philosophiques ne sont pas monnaie courante. C'est pourquoi ils nous chavirent autant lorsqu'un auteur nous offre un si beau cadeau. Les Cerfs-volants ensorcelés est un petit bijou, lumineux et intelligent, qui met en scène des créateurs de rêves. Dans la foulée de Shô et les dragons d'eau, ce magnifique album récipiendaire du prix du Gouverneur général (1995), nous revoici plongés dans une histoire de cerfs-volants. L'exotisme de ce roman hors norme séduit : il est empreint de cette sagesse orientale qui nous entraîne au-delà des frontières du réel. Les illustrations sont tout simplement magnifiques et évoquent cette légèreté propre au matériau de l'histoire. Avec simplicité, il nous prédispose à la réflexion et au partage. Un hommage à la liberté et à son pouvoir de créativité.
Commentaire de Brigitte Moreau, auteure et critique littéraire
Shõ et les dragons d'eau, Shõ and the demons of the deep
Illustré et écrit par Annouchka Gravel Galouchko
LA PRESSE, Montréal, dimanche 24 septembre 1995
UNE AUTEURE-ILLUSTRATRICE DOTÉE D'UNE SAGESSE TOUT ORIENTALE
Sonia Sarfati
Quel genre de livre écrit-on lorsqu’enfant, on a été enfermé par accident dans le tombeau de Séthi 1er ( pendant 15 minutes, d'accord, mais enfin...) ? Quel genre d'illustrations réalise-t-on lorsque, à quatre ans, on traverse l'Iran sur un train à bord duquel un meurtre est commis? Quel genre d'album signe-t-on lorsque, à cause d'un petit frère turbulent, on coupe l'électricité dans le restaurant où sont en train de manger le shah d'Iran et ses gardes du corps?
Quand on s'appelle Annouchka Gravel Galouchko, on intègre tout cela et on plonge tête la première dans... non, pas dans l'aventure, mais dans un univers d'une grande profondeur, habité par une foule de symboles puisés ici et là sur la planète.
" Tous mes sens sont branchés sur cette culture qu'on dit des autres. Voyager permet en effet de faire vraiment tiennes ces cultures... et c'est comme une libération. Tu en deviens témoin, tu en es donc moins nostalgique", explique l’auteure-illustratrice qui vient de publier Shô et les dragons d'eau (Annick), un super album à saveur orientale par son style, très inspiré de l'oeuvre du peintre et graveur japonais Hokusai.
Il faut dire que, née au Québec d'une mère francophone qui a été élevée à Gravelbourg en Saskatchewan et d'un père russe qui a grandi en France, Annouchka Gravel Galouchko a partagé son enfance et son adolescence entre l'Iran, l'Égypte, le Mexique, l'Autriche et le Québec. Elle a aussi séjourné, entre autres, en Grèce, en Turquie, en Russie, en Israël, en Jordanie!
Puis, à 19 ans, elle a quitté la famille et sillonné l'Amérique en camionnette en compagnie d'un copain musicien. Lui, jouait du violon, elle de la flûte. Cinq ans de liberté. Un sentiment que l'on retrouve surtout dans les illustrations, chaudes et spontanées, qui accompagnent et complètent Le mystère de l'île aux épices, un texte de Richardo Keen Douglas, également publié chez Annick, qu'Annouchka Gravel Galouchko a illustré en 1992. D'esprit japonais, les pages de Shô et les dragons d'eau donnent davantage dans le raffinement, dans le méticuleux et la précision.
LA DOMPTEUSE DE DRAGONS
Mais les deux albums baignent dans une sérénité qui, pour sa part, est plus rare dans les toiles, immenses que réalise aussi Annouchka Gravel Galouchko. Deux facettes d'une même personne. Et d'un même travail.
Ainsi, tandis que le peintre travaille de manière très physique (sur ces toiles, certains éléments sont collés et d'autres fixés à coups de marteau ou au moyen d'un chalumeau; la peinture peut y être appliquée à la main, etc.), l'illustratrice s'adonne à un travail de moine.
" Toute cette répétition de motifs, quand j'ai peint les détails du gazon ou les vaguelettes de la mer, lance Annouchka Gravel Galouchko. C'était un travail méditatif!" Et de plutôt longue haleine: une dizaine de jours pour réaliser une seule double page de Shô et les dragons d'eau. Huit mois pour illustrer et écrire l'album au complet. L'idée du récit m'est venue quand je suis tombée sur une illustration que j'avais faite, un jour, sans raison précise. On y voyait un homme debout devant la mer en furie, poursuit l'illustratrice. Puis, lors d'un festival de cerfs-volants, j'ai vu, sur une banderole qui flottait dans les airs titrée Cimaise dans le ciel : j'ai trouvé l'image merveilleuse!"
Cela a donné un texte qui commence par une phrase magique :
« Il y a bien longtemps au Japon, les gens avaient la mauvaise habitude de jeter à la mer tous leurs cauchemars." Donnant ainsi naissance à des dragons d'eau que la jeune Shô parviendra à dompter. Non sans mal. Car, allez faire comprendre aux gens que le meilleur moyen de se débarrasser de leurs peurs est de les lancer à la lumière du jour. Et, de les laisser s'envoler dans le ciel, portées par un cerf-volant...
Un conte empreint d'une sagesse tout orientale et qui compte plusieurs niveaux de lecture que Shô et les dragons d'eau.
C'est ce que visait Annouchka Gravel Galouchko qui, lorsqu'elle aura fini d'illustrer le conte indien sur lequel elle travaille présentement, rêve de mettre en images des textes poétiques orientaux, des poèmes hindous, ou pourquoi pas, Le Cantique des cantiques.
Bref, de faire des livres d'art où elle se permettrait, encore plus qu'à l'accoutumée, d'aller au-delà des mots, histoire, sûrement de se lancer dans une autre forme de voyage.
SHÔ ET LES DRAGONS D'EAU DANS LES ÉCOLES ET DANS LES CLINIQUES
La Presse, Montréal, dimanche 1er juin 1997
OUBLIER OU EXPRIMER SA SOUFFRANCE?
Carole Thibaudeau, journaliste à la Presse
Dans les écoles, l'art-thérapie vise à créer un lieu pour parler, de façon directe ou indirectement (par le biais d'un conte), de son expérience.
Les arts-thérapeutes de l'équipe de psychiatrie transculturelle de l'hôpital de Montréal pour enfants y travaillent de deux façons. La première consiste à demander aux enfants d'exprimer, verbalement et au moyen d'un dessin, l'histoire d'un personnage qui émigre, en quatre étapes : la vie dans le pays d'origine, le voyage, la vie dans le pays d'accueil et l'avenir du personnage.
Ce jeu s'intitule : « Le voyage de... » Il vise à travailler un aspect stratégique de la vulnérabilité ou de la protection d'un immigrant : sa capacité de créer un pont entre le passé et le futur, en donnant un sens à l'expérience vécue.
La deuxième approche consiste à utiliser comme point de départ un conte très riche en symboles comme le conte Shô et les dragons d'eau, l'histoire d'une petite fille aux dons exceptionnels qui vit dans un village de pêcheurs japonais.
Dans ce village, les habitants n'ont plus rien à manger, car ils ont l'habitude de jeter leurs cauchemars dans la mer. Ces derniers deviennent des monstres qui engloutissent les pêcheurs et leurs barques, en plus de vider la mer de tous ses poissons.
Consultée, la petite Shô exhorte les habitants à ne plus jeter leurs cauchemars dans la mer (symbole de l'inconscient en psychanalyse), mais plutôt d'en faire des jeux et de les envoyer dans le ciel, car il est bien connu que les monstres (nos peurs) détestent la lumière (le conscient).
Telle est l'origine des cerfs-volant.
« À peu près tous les pays ont des traditions pour exorciser leurs monstres, dit la psychiatre de l'équipe, docteur Cécile Rousseau. L'Halloween, par exemple, est l'occasion d'apprivoiser collectivement notre peur des squelettes, des sorcières, etc. »
« Avec l'expérience, on a eu l'idée de travailler avec les enfants les mythes de leur pays d'origine, relate l'art-thérapeute Louise Lacroix. Et on suggère aux enfants de demander à leurs parents et à leurs grands-parents quelles histoires on leur racontait quand ils étaient petits.»
Cet hiver, deux écoles de la CECM ont reçu la visite des arts-thérapeutes. Au rythme d'une visite par semaine, le temps de huit à dix visites, on a fait dessiner aux enfants le voyage de... et le conte de Shô et les dragons d'eau. « Les enfants ont adoré ça », dit Mme Lacroix.
DES CERFS-VOLANTS
Anne-Marie Voisard, journaliste
Le Soleil, septembre 1995
Pour le rêve, la fantaisie, la richesse de l'imaginaire, Shô et les dragons d'eau est d'abord à regarder: C'est un album qu'on croirait sorti d'une contrée lointaine, à cause de l'exotisme des images. Il raconte la naissance des cerfs-volants, ou mieux, à la façon d'une légende qui aurait présidé à leur origine.
L'auteure est née à Montréal en 1960. Mais son nom, Annouchka Gravel Galouchko, (à retenir pour l'avenir), indique des ascendances étrangères. Sa mère est Québécoise. Par son père, elle a des origines russes. D'où les influences orientales qui n'expliquent quand même pas que l'histoire du livre remonte au Japon antique. Annouchka a beaucoup voyagé. Entre autres, elle a séjourné en Iran, en Égypte, au Mexique, en Autriche. Shô et les dragons d'eau, apprend-on, a trouvé son inspiration au cours d'un voyage intérieur. D'où qu'elles viennent, les illustrations (réalisées à la gouache) sont une invitation à l'aventure. Ici, la cérémonie du thé, là un monstre, un chat, un oiseau, une fleur, un poisson, dont les écailles brillent, parmi tous ces visages aux yeux bridés. Ce qui frappe, ce sont les détails. Le texte, lui, est un bain de fraîcheur. (Il y a beaucoup d'eau dans ce livre, à vrai dire, tout un océan, les vagues énormes qui vomissent les cauchemars et laissent les rêves s'envoler). Des phrases courtes. Des mots justes qui laissent passer la poésie. Voilà bien des qualités pour un premier livre destiné au jeune public. (L'auteure jusque - là, s'était contentée d'illustrer). Nul doute que les parents auront plaisir, eux aussi, à tourner les pages. Qui n'aime pas, en effet, retrouver la magie des cerfs-volants qu'on fait monter dans le ciel, toujours plus haut si possible...au risque de voir la corde nous échapper.
Annouchka a reçu en 1995 le prix du Gouverneur Général du Canada à titre d'illustration dans l'édition française de Shô et les dragons d'eau et le texte a été en nomination pour ce même prix. Shô et les dragons d'eau a été publié par Annick Press et peut être aisément commandé chez votre libraire.
Illustré et écrit par Annouchka Gravel Galouchko
LA PRESSE, Montréal, dimanche 24 septembre 1995
UNE AUTEURE-ILLUSTRATRICE DOTÉE D'UNE SAGESSE TOUT ORIENTALE
Sonia Sarfati
Quel genre de livre écrit-on lorsqu’enfant, on a été enfermé par accident dans le tombeau de Séthi 1er ( pendant 15 minutes, d'accord, mais enfin...) ? Quel genre d'illustrations réalise-t-on lorsque, à quatre ans, on traverse l'Iran sur un train à bord duquel un meurtre est commis? Quel genre d'album signe-t-on lorsque, à cause d'un petit frère turbulent, on coupe l'électricité dans le restaurant où sont en train de manger le shah d'Iran et ses gardes du corps?
Quand on s'appelle Annouchka Gravel Galouchko, on intègre tout cela et on plonge tête la première dans... non, pas dans l'aventure, mais dans un univers d'une grande profondeur, habité par une foule de symboles puisés ici et là sur la planète.
" Tous mes sens sont branchés sur cette culture qu'on dit des autres. Voyager permet en effet de faire vraiment tiennes ces cultures... et c'est comme une libération. Tu en deviens témoin, tu en es donc moins nostalgique", explique l’auteure-illustratrice qui vient de publier Shô et les dragons d'eau (Annick), un super album à saveur orientale par son style, très inspiré de l'oeuvre du peintre et graveur japonais Hokusai.
Il faut dire que, née au Québec d'une mère francophone qui a été élevée à Gravelbourg en Saskatchewan et d'un père russe qui a grandi en France, Annouchka Gravel Galouchko a partagé son enfance et son adolescence entre l'Iran, l'Égypte, le Mexique, l'Autriche et le Québec. Elle a aussi séjourné, entre autres, en Grèce, en Turquie, en Russie, en Israël, en Jordanie!
Puis, à 19 ans, elle a quitté la famille et sillonné l'Amérique en camionnette en compagnie d'un copain musicien. Lui, jouait du violon, elle de la flûte. Cinq ans de liberté. Un sentiment que l'on retrouve surtout dans les illustrations, chaudes et spontanées, qui accompagnent et complètent Le mystère de l'île aux épices, un texte de Richardo Keen Douglas, également publié chez Annick, qu'Annouchka Gravel Galouchko a illustré en 1992. D'esprit japonais, les pages de Shô et les dragons d'eau donnent davantage dans le raffinement, dans le méticuleux et la précision.
LA DOMPTEUSE DE DRAGONS
Mais les deux albums baignent dans une sérénité qui, pour sa part, est plus rare dans les toiles, immenses que réalise aussi Annouchka Gravel Galouchko. Deux facettes d'une même personne. Et d'un même travail.
Ainsi, tandis que le peintre travaille de manière très physique (sur ces toiles, certains éléments sont collés et d'autres fixés à coups de marteau ou au moyen d'un chalumeau; la peinture peut y être appliquée à la main, etc.), l'illustratrice s'adonne à un travail de moine.
" Toute cette répétition de motifs, quand j'ai peint les détails du gazon ou les vaguelettes de la mer, lance Annouchka Gravel Galouchko. C'était un travail méditatif!" Et de plutôt longue haleine: une dizaine de jours pour réaliser une seule double page de Shô et les dragons d'eau. Huit mois pour illustrer et écrire l'album au complet. L'idée du récit m'est venue quand je suis tombée sur une illustration que j'avais faite, un jour, sans raison précise. On y voyait un homme debout devant la mer en furie, poursuit l'illustratrice. Puis, lors d'un festival de cerfs-volants, j'ai vu, sur une banderole qui flottait dans les airs titrée Cimaise dans le ciel : j'ai trouvé l'image merveilleuse!"
Cela a donné un texte qui commence par une phrase magique :
« Il y a bien longtemps au Japon, les gens avaient la mauvaise habitude de jeter à la mer tous leurs cauchemars." Donnant ainsi naissance à des dragons d'eau que la jeune Shô parviendra à dompter. Non sans mal. Car, allez faire comprendre aux gens que le meilleur moyen de se débarrasser de leurs peurs est de les lancer à la lumière du jour. Et, de les laisser s'envoler dans le ciel, portées par un cerf-volant...
Un conte empreint d'une sagesse tout orientale et qui compte plusieurs niveaux de lecture que Shô et les dragons d'eau.
C'est ce que visait Annouchka Gravel Galouchko qui, lorsqu'elle aura fini d'illustrer le conte indien sur lequel elle travaille présentement, rêve de mettre en images des textes poétiques orientaux, des poèmes hindous, ou pourquoi pas, Le Cantique des cantiques.
Bref, de faire des livres d'art où elle se permettrait, encore plus qu'à l'accoutumée, d'aller au-delà des mots, histoire, sûrement de se lancer dans une autre forme de voyage.
SHÔ ET LES DRAGONS D'EAU DANS LES ÉCOLES ET DANS LES CLINIQUES
La Presse, Montréal, dimanche 1er juin 1997
OUBLIER OU EXPRIMER SA SOUFFRANCE?
Carole Thibaudeau, journaliste à la Presse
Dans les écoles, l'art-thérapie vise à créer un lieu pour parler, de façon directe ou indirectement (par le biais d'un conte), de son expérience.
Les arts-thérapeutes de l'équipe de psychiatrie transculturelle de l'hôpital de Montréal pour enfants y travaillent de deux façons. La première consiste à demander aux enfants d'exprimer, verbalement et au moyen d'un dessin, l'histoire d'un personnage qui émigre, en quatre étapes : la vie dans le pays d'origine, le voyage, la vie dans le pays d'accueil et l'avenir du personnage.
Ce jeu s'intitule : « Le voyage de... » Il vise à travailler un aspect stratégique de la vulnérabilité ou de la protection d'un immigrant : sa capacité de créer un pont entre le passé et le futur, en donnant un sens à l'expérience vécue.
La deuxième approche consiste à utiliser comme point de départ un conte très riche en symboles comme le conte Shô et les dragons d'eau, l'histoire d'une petite fille aux dons exceptionnels qui vit dans un village de pêcheurs japonais.
Dans ce village, les habitants n'ont plus rien à manger, car ils ont l'habitude de jeter leurs cauchemars dans la mer. Ces derniers deviennent des monstres qui engloutissent les pêcheurs et leurs barques, en plus de vider la mer de tous ses poissons.
Consultée, la petite Shô exhorte les habitants à ne plus jeter leurs cauchemars dans la mer (symbole de l'inconscient en psychanalyse), mais plutôt d'en faire des jeux et de les envoyer dans le ciel, car il est bien connu que les monstres (nos peurs) détestent la lumière (le conscient).
Telle est l'origine des cerfs-volant.
« À peu près tous les pays ont des traditions pour exorciser leurs monstres, dit la psychiatre de l'équipe, docteur Cécile Rousseau. L'Halloween, par exemple, est l'occasion d'apprivoiser collectivement notre peur des squelettes, des sorcières, etc. »
« Avec l'expérience, on a eu l'idée de travailler avec les enfants les mythes de leur pays d'origine, relate l'art-thérapeute Louise Lacroix. Et on suggère aux enfants de demander à leurs parents et à leurs grands-parents quelles histoires on leur racontait quand ils étaient petits.»
Cet hiver, deux écoles de la CECM ont reçu la visite des arts-thérapeutes. Au rythme d'une visite par semaine, le temps de huit à dix visites, on a fait dessiner aux enfants le voyage de... et le conte de Shô et les dragons d'eau. « Les enfants ont adoré ça », dit Mme Lacroix.
DES CERFS-VOLANTS
Anne-Marie Voisard, journaliste
Le Soleil, septembre 1995
Pour le rêve, la fantaisie, la richesse de l'imaginaire, Shô et les dragons d'eau est d'abord à regarder: C'est un album qu'on croirait sorti d'une contrée lointaine, à cause de l'exotisme des images. Il raconte la naissance des cerfs-volants, ou mieux, à la façon d'une légende qui aurait présidé à leur origine.
L'auteure est née à Montréal en 1960. Mais son nom, Annouchka Gravel Galouchko, (à retenir pour l'avenir), indique des ascendances étrangères. Sa mère est Québécoise. Par son père, elle a des origines russes. D'où les influences orientales qui n'expliquent quand même pas que l'histoire du livre remonte au Japon antique. Annouchka a beaucoup voyagé. Entre autres, elle a séjourné en Iran, en Égypte, au Mexique, en Autriche. Shô et les dragons d'eau, apprend-on, a trouvé son inspiration au cours d'un voyage intérieur. D'où qu'elles viennent, les illustrations (réalisées à la gouache) sont une invitation à l'aventure. Ici, la cérémonie du thé, là un monstre, un chat, un oiseau, une fleur, un poisson, dont les écailles brillent, parmi tous ces visages aux yeux bridés. Ce qui frappe, ce sont les détails. Le texte, lui, est un bain de fraîcheur. (Il y a beaucoup d'eau dans ce livre, à vrai dire, tout un océan, les vagues énormes qui vomissent les cauchemars et laissent les rêves s'envoler). Des phrases courtes. Des mots justes qui laissent passer la poésie. Voilà bien des qualités pour un premier livre destiné au jeune public. (L'auteure jusque - là, s'était contentée d'illustrer). Nul doute que les parents auront plaisir, eux aussi, à tourner les pages. Qui n'aime pas, en effet, retrouver la magie des cerfs-volants qu'on fait monter dans le ciel, toujours plus haut si possible...au risque de voir la corde nous échapper.
Annouchka a reçu en 1995 le prix du Gouverneur Général du Canada à titre d'illustration dans l'édition française de Shô et les dragons d'eau et le texte a été en nomination pour ce même prix. Shô et les dragons d'eau a été publié par Annick Press et peut être aisément commandé chez votre libraire.
La dame au caméléon
Littérature jeunesse / Portrait par Jean Frenette
Les Publications Québec français
Enseigner la littérature, Numéro 100, hiver 1996
La dame au caméléon
Au XIX siècle, Alexandre Dumas fils nous a laissé La Dame aux camélias, histoire d'une femme d'une grande sensibilité. La Dame au caméléon que J'ai rencontré dans un café de Montréal avait aussi une grande sensibilité. Non pas qu'elle pleurait pour un rien, loin de là... Au contraire, sa sensibilité est toute en couleur. Illustratrice avant d'être auteure, Annouchka Gravel Galouchko attache évidemment une grande importance aux couleurs de ses œuvres, mais les couleurs des cultures sont encore plus primordiales.
Bien qu'elle ait vu le jour à Montréal, les origines d'Annouchka Gravel Galouchko expliquent aisément son attirance pour les différentes cultures du monde. Son père est né en France de parents russes et sa mère issue de parents québécois, est née à Gravelbourg en Saskatchewan. Et quelle famille ! Ses grands parents paternels ont quitté la Russie à la fin de la Révolution russe de 1917, son père a fait partie de la résistance française lors de la Deuxième Guerre mondiale et un grand oncle du côté maternel, l'abbé Pierre Gravel, a fondé Gravelbourg en 1906.
Comment une dame de la Saskatchewan et un Français ont pu se rencontrer ? Simple, grâce à une pièce de monnaie. Pile il venait au Canada et face il émigrait en Australie. Le goût du voyage, ils ont ça dans le sang.
Le mariage de papa Galouchko et de maman Gravel n'allait sûrement pas mettre un terme aux pérégrinations de la famille. Ainsi, Annouchkaa séjourné trois ans en Egypte et trois, en Iran, sans oublier le Mexique et l'Autriche. Plus tard, elle a plié bagages pour de nombreux voyages de plus d'un mois.
La « multi citoyenneté »
Annouchka Gravel Galouchko : citoyenne du monde ? Non, pas vraiment. Le citoyen du monde modèle est plutôt neutre, sans saveur locale. À l'inverse, Annouchka dégage toutes les saveurs locales une à une, selon ses besoins. Pour illustrer Le mystère de l'île aux Épices, de Richard Keens- Douglas de Grenade, les dessins de l'illustratrice prennent un accent des Caraïbes. Dans Shõ et les dragons d'eau, nous retrouvons toute la finesse de l'art nippon. Non, Annouchka n'est pas citoyenne du monde, elle est citoyenne et ambassadrice de chacun des pays qu'elle couche sur papier. Elle devient tour à tour Sud-Américaine, Égyptienne, Arabe ou Japonaise, jusqu'au plus profond d'elle-même. Une véritable caméléon.
Il n'y a pas que les voyages qui ont formé la jeunesse d'Annouchka, la musique y est aussi pour beaucoup. Elle écoute des musiques de toutes les cultures, de tous les pays. La musique, pour Annouchka, touche le cœur des gens, leur âme, la musique est universelle.
Au-delà de leur nationalité, Annouchka sent la vie commune qui réside dans les êtres. D'un autre côté, puisqu'il faut parfois souffrir pour créer, elle trouve douloureux de ne pas avoir de sentiment d'appartenance, de n'être chez soi nulle part. Anxieuse, elle s'accroche à sa terre : lorsque notre père a combattu pour la liberté de la France face à l'Allemagne nazie et que notre mère a lutté pour les droits du français en Saskatchewan et au Québec, on défend presque naturellement notre terre.
Mais attention, cette terre à découvrir et à conquérir n'est peut- être pas celle que vous croyez... Annouchka essaie de trouver la terre intérieure, sa nature au-delà de l'existence de la naissance à la mort. Sa quête existentielle est celle de la vie commune qui habite chacun et chacune.
Une vie qu'elle transpose partout, comme le démontrent ses illustrations dans Shõ et les dragons d'eau où arbres et pierres ont également un visage. Tout comme les cauchemars qui, comme tout le monde sait, sont à l'origine des cerfs-volants.
Et vive l'angoisse !
L'héroïne du premier conte écrit et publié par Annouchka, Shõ, nous apprend à nous débarrasser de nos cauchemars, de nos angoisses, de nos peurs.
Il y a de cela très très longtemps, les gens jetaient leurs cauchemars à la mer dans des sacs. Évidemment, les sacs se déchiraient et les monstres étaient alors libérés et particulière-ment frustrés d'avoir été ainsi rejetés. Leur colère était donc très grande. Heureusement, Shõ apprit aux enfants à s'amuser avec leurs cauchemars : il fallait les découper, les peindre et les lancer dans le ciel. De là à les attacher à une ficelle, il n'y avait qu'un pas à franchir et le cerf-volant prenait son envol.
Par cette allégorie, Annouchka veut amener les enfants à ne plus craindre la peur. Pour discerner le blanc, il faut connaître le noir. Pour avoir du positif, il faut qu'il y ait du négatif. Après ce qui est destructif comme la peur et les cauchemars, il faut construire, créer. D'ailleurs, à la suite d'un atelier avec un groupe scolaire, Annouchka a reçu un petit cadeau à Noël : un plein sac de lettres et de dessins des cauchemars que les élèves rencontrés avaient réalisés. Ces créations ont, parait-il, magnifiquement ornées sa demeure. À voir ses dessins et ses tableaux, il faut croire qu'Annouchka Gravel Galouchko a encore bien des peurs. Si c'est cela qui lui permet de créer de si belles œuvres, je nous souhaite encore bien des angoisses à Annouchka. Et tiens donc ! Pourquoi pas à nous les angoisses et autant de talents ?
Littérature jeunesse / Portrait par Jean Frenette
Les Publications Québec français
Enseigner la littérature, Numéro 100, hiver 1996
La dame au caméléon
Au XIX siècle, Alexandre Dumas fils nous a laissé La Dame aux camélias, histoire d'une femme d'une grande sensibilité. La Dame au caméléon que J'ai rencontré dans un café de Montréal avait aussi une grande sensibilité. Non pas qu'elle pleurait pour un rien, loin de là... Au contraire, sa sensibilité est toute en couleur. Illustratrice avant d'être auteure, Annouchka Gravel Galouchko attache évidemment une grande importance aux couleurs de ses œuvres, mais les couleurs des cultures sont encore plus primordiales.
Bien qu'elle ait vu le jour à Montréal, les origines d'Annouchka Gravel Galouchko expliquent aisément son attirance pour les différentes cultures du monde. Son père est né en France de parents russes et sa mère issue de parents québécois, est née à Gravelbourg en Saskatchewan. Et quelle famille ! Ses grands parents paternels ont quitté la Russie à la fin de la Révolution russe de 1917, son père a fait partie de la résistance française lors de la Deuxième Guerre mondiale et un grand oncle du côté maternel, l'abbé Pierre Gravel, a fondé Gravelbourg en 1906.
Comment une dame de la Saskatchewan et un Français ont pu se rencontrer ? Simple, grâce à une pièce de monnaie. Pile il venait au Canada et face il émigrait en Australie. Le goût du voyage, ils ont ça dans le sang.
Le mariage de papa Galouchko et de maman Gravel n'allait sûrement pas mettre un terme aux pérégrinations de la famille. Ainsi, Annouchkaa séjourné trois ans en Egypte et trois, en Iran, sans oublier le Mexique et l'Autriche. Plus tard, elle a plié bagages pour de nombreux voyages de plus d'un mois.
La « multi citoyenneté »
Annouchka Gravel Galouchko : citoyenne du monde ? Non, pas vraiment. Le citoyen du monde modèle est plutôt neutre, sans saveur locale. À l'inverse, Annouchka dégage toutes les saveurs locales une à une, selon ses besoins. Pour illustrer Le mystère de l'île aux Épices, de Richard Keens- Douglas de Grenade, les dessins de l'illustratrice prennent un accent des Caraïbes. Dans Shõ et les dragons d'eau, nous retrouvons toute la finesse de l'art nippon. Non, Annouchka n'est pas citoyenne du monde, elle est citoyenne et ambassadrice de chacun des pays qu'elle couche sur papier. Elle devient tour à tour Sud-Américaine, Égyptienne, Arabe ou Japonaise, jusqu'au plus profond d'elle-même. Une véritable caméléon.
Il n'y a pas que les voyages qui ont formé la jeunesse d'Annouchka, la musique y est aussi pour beaucoup. Elle écoute des musiques de toutes les cultures, de tous les pays. La musique, pour Annouchka, touche le cœur des gens, leur âme, la musique est universelle.
Au-delà de leur nationalité, Annouchka sent la vie commune qui réside dans les êtres. D'un autre côté, puisqu'il faut parfois souffrir pour créer, elle trouve douloureux de ne pas avoir de sentiment d'appartenance, de n'être chez soi nulle part. Anxieuse, elle s'accroche à sa terre : lorsque notre père a combattu pour la liberté de la France face à l'Allemagne nazie et que notre mère a lutté pour les droits du français en Saskatchewan et au Québec, on défend presque naturellement notre terre.
Mais attention, cette terre à découvrir et à conquérir n'est peut- être pas celle que vous croyez... Annouchka essaie de trouver la terre intérieure, sa nature au-delà de l'existence de la naissance à la mort. Sa quête existentielle est celle de la vie commune qui habite chacun et chacune.
Une vie qu'elle transpose partout, comme le démontrent ses illustrations dans Shõ et les dragons d'eau où arbres et pierres ont également un visage. Tout comme les cauchemars qui, comme tout le monde sait, sont à l'origine des cerfs-volants.
Et vive l'angoisse !
L'héroïne du premier conte écrit et publié par Annouchka, Shõ, nous apprend à nous débarrasser de nos cauchemars, de nos angoisses, de nos peurs.
Il y a de cela très très longtemps, les gens jetaient leurs cauchemars à la mer dans des sacs. Évidemment, les sacs se déchiraient et les monstres étaient alors libérés et particulière-ment frustrés d'avoir été ainsi rejetés. Leur colère était donc très grande. Heureusement, Shõ apprit aux enfants à s'amuser avec leurs cauchemars : il fallait les découper, les peindre et les lancer dans le ciel. De là à les attacher à une ficelle, il n'y avait qu'un pas à franchir et le cerf-volant prenait son envol.
Par cette allégorie, Annouchka veut amener les enfants à ne plus craindre la peur. Pour discerner le blanc, il faut connaître le noir. Pour avoir du positif, il faut qu'il y ait du négatif. Après ce qui est destructif comme la peur et les cauchemars, il faut construire, créer. D'ailleurs, à la suite d'un atelier avec un groupe scolaire, Annouchka a reçu un petit cadeau à Noël : un plein sac de lettres et de dessins des cauchemars que les élèves rencontrés avaient réalisés. Ces créations ont, parait-il, magnifiquement ornées sa demeure. À voir ses dessins et ses tableaux, il faut croire qu'Annouchka Gravel Galouchko a encore bien des peurs. Si c'est cela qui lui permet de créer de si belles œuvres, je nous souhaite encore bien des angoisses à Annouchka. Et tiens donc ! Pourquoi pas à nous les angoisses et autant de talents ?
Le Jardin de Monsieur Préfontaine
Illustré et écrit par Annouchka Gravel Galouchko, Ed. Les 400 coups
Journal VOIR, février 1998
Livres
Patricia Belzil
Les ravages du verglas sur les arbres ont suscité de sincères indignations contre mère Nature, soudaine si cruelle envers ses fistons branchus. Le paysage de désolation qu'offraient échines pliées, bras fracturés et têtes tombées, si terrible fût-il, n'est pourtant rien en comparaison des outrages que les hommes, partout et toujours, infligent aux forêts. À la radio, une toute petite fille expliquait, pleine de chagrin : "Un arbre, c'est comme une personne. Quand je touche à son tronc, j'ai l'impression de toucher à quelqu'un." On lira ces jours-ci, avec peut-être un peu plus d'émotion, une très belle histoire d'arbres parue récemment.
Annouchka Gravel Galouchko raconte et illustre Le jardin de monsieur Préfontaine. Chaque page célèbre cette enclave luxuriante de parfums et de couleurs,"follement exotique", où chante une fontaine libre et dansent les arbres fruitiers. Quel imaginaire libre, chez cette artiste, qui convie l'anthropomorphisme, la perspective anarchique et le pointillisme mouvementé! Mais l'histoire est triste, car monsieur Préfontaine confie à Corbeau l'exploitation de son verger. Le vilain arrache, sans discernement, fleurs et fougères. Les oiseaux s'enfuient, le jardin se meurt... et Corbeau abandonne le désastre à son propriétaire anéanti. On verra qu'avec beaucoup de travail monsieur Préfontaine ramènera la vie autour de la fontaine.
Éditions les 400 coups, coll. " Les grands albums", 1997
Illustré et écrit par Annouchka Gravel Galouchko, Ed. Les 400 coups
Journal VOIR, février 1998
Livres
Patricia Belzil
Les ravages du verglas sur les arbres ont suscité de sincères indignations contre mère Nature, soudaine si cruelle envers ses fistons branchus. Le paysage de désolation qu'offraient échines pliées, bras fracturés et têtes tombées, si terrible fût-il, n'est pourtant rien en comparaison des outrages que les hommes, partout et toujours, infligent aux forêts. À la radio, une toute petite fille expliquait, pleine de chagrin : "Un arbre, c'est comme une personne. Quand je touche à son tronc, j'ai l'impression de toucher à quelqu'un." On lira ces jours-ci, avec peut-être un peu plus d'émotion, une très belle histoire d'arbres parue récemment.
Annouchka Gravel Galouchko raconte et illustre Le jardin de monsieur Préfontaine. Chaque page célèbre cette enclave luxuriante de parfums et de couleurs,"follement exotique", où chante une fontaine libre et dansent les arbres fruitiers. Quel imaginaire libre, chez cette artiste, qui convie l'anthropomorphisme, la perspective anarchique et le pointillisme mouvementé! Mais l'histoire est triste, car monsieur Préfontaine confie à Corbeau l'exploitation de son verger. Le vilain arrache, sans discernement, fleurs et fougères. Les oiseaux s'enfuient, le jardin se meurt... et Corbeau abandonne le désastre à son propriétaire anéanti. On verra qu'avec beaucoup de travail monsieur Préfontaine ramènera la vie autour de la fontaine.
Éditions les 400 coups, coll. " Les grands albums", 1997
Le mystérieux jardin d’en face, musiconte (un livre + CD)
écrit par Chantal Drouin et illustré par Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle, Ed. MusiMagiques
Souvent la vie tend à estomper les premières leçons-clés de notre enfance, n'en laissant qu'un souvenir fugace au cours d'une vie trépidante où nous poursuivons souvent des succès factices ou passagers. L'être humain y a perdu et la nature aussi : qu'en restera-t-il pour les générations à venir et pour la capacité de la planète à y subvenir?
Il n'est plus question maintenant que de survie, à moins que nous ne nous imprégnions de sens des leçons que nous communique ce conte. Christian de Laet (1927 - 2008), pionnier dans l'environnement et militant, est le cofondateur du groupe Development Alternatives.
écrit par Chantal Drouin et illustré par Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle, Ed. MusiMagiques
Souvent la vie tend à estomper les premières leçons-clés de notre enfance, n'en laissant qu'un souvenir fugace au cours d'une vie trépidante où nous poursuivons souvent des succès factices ou passagers. L'être humain y a perdu et la nature aussi : qu'en restera-t-il pour les générations à venir et pour la capacité de la planète à y subvenir?
Il n'est plus question maintenant que de survie, à moins que nous ne nous imprégnions de sens des leçons que nous communique ce conte. Christian de Laet (1927 - 2008), pionnier dans l'environnement et militant, est le cofondateur du groupe Development Alternatives.
Les couleurs de ma mère
Texte de Francine Caron et illustrations de Annouchka Gravel Galouchko, Ed.HMH Hurtubise
Résumé
Flavie, une fillette, chante la vie de sa toute petite voix. Une maman qu'elle nous dévoile à travers un prisme des couleurs : un jour bleu, un jour vert, un autre noir, au gré des émotions, au fil du temps. Jusqu’au jour où la vie elle-même éteint les couleurs de sa mère. Ne reste plus alors que le blanc et la mort de cette maman adorée. Ne reste plus alors que Flavie pour peindre sa mémoire en arc-en-ciel. L’arc-en-ciel des couleurs de sa mère.
Déclinant une à une les couleurs de l'arc-en-ciel, Flavie brosse le portrait de sa maman, qui possède un sourire aussi lumineux que le jaune du soleil, le calme et la sécurité du bleu, la passion intense du rouge, la joie de vivre et l'amour de la nature du vert, la tendresse du rose, le sens de la fête du orangé, etc. Aussi, sa maladie et sa tristesse plongent la maison dans le gris tandis que son décès recouvre tout d'un blanc givré. Les beaux sentiments et la chaleur font place à la froideur et à la colère d'un hiver glacial ... jusqu'à ce que la beauté des souvenirs reprenne ses droits et fasse rejaillir les couleurs irisées. -- Des peintures et collages foisonnant de motifs floraux aux couleurs flamboyantes épousent magnifiquement ce texte poétique et émouvant, réussissant à mettre des mots d'enfant sur les indicibles liens unissant une mère à son enfant. Un album splendide, qui se clôt sur une ode à la vie et à l'espoir, pour traverser le deuil et apprivoiser le vide qu'entraîne la disparition de la figure maternelle.
Journal VOIR, mars 2006
Livres
Venise Landry
La Vie ou la Mort en couleurs
Je ne sais pas de quelle nationalité est l'illustratrice mais elle ose la couleur avec un petit quelque chose d'ailleurs. D'ukrainien, ou je ne sais. En tout cas, j'ai rarement vu une couverture d'album aussi franchement joyeuse et élevante. Le titre se donne tout entier à cette image forte de la mère toute en couleurs. Il y a de ces idées que l'on aimerait avoir soi-même ; c'est dire alors combien on admire les personnes qui les poussent à bout de bras et de crayons. Jumeler les humeurs d'une mère avec des couleurs franches et généreuses, il n'y avait pas, à mon sens, de meilleure astuce pour concrétiser l'abstrait chez les "5 ans et plus". C'est ingénieux. S'il y a un comble de l'abstraction pour l'enfant, c'est bien la mort (pour l'adulte aussi !) et Francine Caron l'a apparenté au blanc ; la "blancheur de la mort". Du coup, cela nous sort du morbide, du deuil tout de noir vêtu. Je n'ai rien contre l'idée d'aborder le départ de notre escale sur terre comme une lumineuse porte de sortie. Pourquoi pas ? Surtout pour les enfants qui expérimentent, tôt ou tard, la mort d'un proche, ne serait-ce que celle de leurs grands-parents. Avant de le donner à ma nièce, comptez sur moi pour le lire en ouvrant grand le coeur et les yeux !
Texte de Francine Caron et illustrations de Annouchka Gravel Galouchko, Ed.HMH Hurtubise
Résumé
Flavie, une fillette, chante la vie de sa toute petite voix. Une maman qu'elle nous dévoile à travers un prisme des couleurs : un jour bleu, un jour vert, un autre noir, au gré des émotions, au fil du temps. Jusqu’au jour où la vie elle-même éteint les couleurs de sa mère. Ne reste plus alors que le blanc et la mort de cette maman adorée. Ne reste plus alors que Flavie pour peindre sa mémoire en arc-en-ciel. L’arc-en-ciel des couleurs de sa mère.
Déclinant une à une les couleurs de l'arc-en-ciel, Flavie brosse le portrait de sa maman, qui possède un sourire aussi lumineux que le jaune du soleil, le calme et la sécurité du bleu, la passion intense du rouge, la joie de vivre et l'amour de la nature du vert, la tendresse du rose, le sens de la fête du orangé, etc. Aussi, sa maladie et sa tristesse plongent la maison dans le gris tandis que son décès recouvre tout d'un blanc givré. Les beaux sentiments et la chaleur font place à la froideur et à la colère d'un hiver glacial ... jusqu'à ce que la beauté des souvenirs reprenne ses droits et fasse rejaillir les couleurs irisées. -- Des peintures et collages foisonnant de motifs floraux aux couleurs flamboyantes épousent magnifiquement ce texte poétique et émouvant, réussissant à mettre des mots d'enfant sur les indicibles liens unissant une mère à son enfant. Un album splendide, qui se clôt sur une ode à la vie et à l'espoir, pour traverser le deuil et apprivoiser le vide qu'entraîne la disparition de la figure maternelle.
Journal VOIR, mars 2006
Livres
Venise Landry
La Vie ou la Mort en couleurs
Je ne sais pas de quelle nationalité est l'illustratrice mais elle ose la couleur avec un petit quelque chose d'ailleurs. D'ukrainien, ou je ne sais. En tout cas, j'ai rarement vu une couverture d'album aussi franchement joyeuse et élevante. Le titre se donne tout entier à cette image forte de la mère toute en couleurs. Il y a de ces idées que l'on aimerait avoir soi-même ; c'est dire alors combien on admire les personnes qui les poussent à bout de bras et de crayons. Jumeler les humeurs d'une mère avec des couleurs franches et généreuses, il n'y avait pas, à mon sens, de meilleure astuce pour concrétiser l'abstrait chez les "5 ans et plus". C'est ingénieux. S'il y a un comble de l'abstraction pour l'enfant, c'est bien la mort (pour l'adulte aussi !) et Francine Caron l'a apparenté au blanc ; la "blancheur de la mort". Du coup, cela nous sort du morbide, du deuil tout de noir vêtu. Je n'ai rien contre l'idée d'aborder le départ de notre escale sur terre comme une lumineuse porte de sortie. Pourquoi pas ? Surtout pour les enfants qui expérimentent, tôt ou tard, la mort d'un proche, ne serait-ce que celle de leurs grands-parents. Avant de le donner à ma nièce, comptez sur moi pour le lire en ouvrant grand le coeur et les yeux !
COMMUNIQUÉ- 2006-LE CONSEIL DES ARTS DU CANADA DÉVOILE LES NOMS DES FINALISTES DES PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL DE 2006- LITTÉRATURE JEUNESSE-ILLUSTRATION
Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle, Vaudreuil-Dorion (Québec) , pour the Birdman, texte de Veronika Martenova Charles (Tundra Books; distribué par Random House of Canada)
Avec leurs images tout simplement magiques, Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle illustrent le besoin universel de liberté. D'une facture et d'un symbolisme richement coloré, The Birdman se veut une interprétation touchante des émotions qui traverse la vie remarquable du "Birdman" de Calcutta.
Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle, Vaudreuil-Dorion (Québec) , pour the Birdman, texte de Veronika Martenova Charles (Tundra Books; distribué par Random House of Canada)
Avec leurs images tout simplement magiques, Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle illustrent le besoin universel de liberté. D'une facture et d'un symbolisme richement coloré, The Birdman se veut une interprétation touchante des émotions qui traverse la vie remarquable du "Birdman" de Calcutta.
The Birdman
By Veronika Martenova Charles and illustrated by Annouchka Gravel Galouchko and Stéphan Daigle, Ed.Penguin and Random House Canada
Quill and Quire, 2007
Read reviews of books by Veronika Martenova Charles; Annouchka Gravel Galouchko & Stéphan Daigle
The first thing that must be said about The Birdman is that the illustrations, by Montrealers Annouchka Gravel Galouchko and her partner, Stéphan Daigle, are gorgeous. With intricate Gustav Klimt-style patterns filling every brilliantly coloured area, the book’s illustrations are also reminiscent of Chagall in their surreal, fantastic use of birds and eyes and sewing machines with animal heads. The paintings are still wholly individual and suited to the text.
The story, by Toronto author and illustrator Veronika Martenova Charles, is a true one. A five-page afterword describes, with photos this time instead of pictures, Noor Nobi, the real Birdman of Calcutta, and how Charles came across his story in the Toronto Star and followed it all the way to India.
A tailor who sewed baby clothes, Noor Nobi had three beloved children who were killed in an unspecified accident. Numbed by grief, Noor Nobi wanders Calcutta until he’s struck by the sight of numerous cages filled with birds. “Poor creatures! Once they were free and now they are miserable,” he thinks. “Life is so precious and fragile. In an instant it can change or be snatched away.” Aware that nothing can bring back his children, Noor Nobi decides in a redemptive moment to help the birds.
Able to afford just one bird at a time, Noor Nobi buys one creature and releases it. Working day and night sewing dresses, he buys the cheaper, sickly birds, nurses them back to health, and then releases them. Six days a week, Noor Nobi is a tailor, but on Mondays he becomes the Birdman, stroking the birds’ feathers as he releases them (what a glorious illustration!) into a big banyan tree. And as people watch him, they, too, forget their troubles.
The story is simple, very touching, and elegantly told, evoking Calcutta’s colour, heat, and its citizens’ difficult lives. And – let me say it again – the illustrations are exquisite.
By Veronika Martenova Charles and illustrated by Annouchka Gravel Galouchko and Stéphan Daigle, Ed.Penguin and Random House Canada
Quill and Quire, 2007
Read reviews of books by Veronika Martenova Charles; Annouchka Gravel Galouchko & Stéphan Daigle
The first thing that must be said about The Birdman is that the illustrations, by Montrealers Annouchka Gravel Galouchko and her partner, Stéphan Daigle, are gorgeous. With intricate Gustav Klimt-style patterns filling every brilliantly coloured area, the book’s illustrations are also reminiscent of Chagall in their surreal, fantastic use of birds and eyes and sewing machines with animal heads. The paintings are still wholly individual and suited to the text.
The story, by Toronto author and illustrator Veronika Martenova Charles, is a true one. A five-page afterword describes, with photos this time instead of pictures, Noor Nobi, the real Birdman of Calcutta, and how Charles came across his story in the Toronto Star and followed it all the way to India.
A tailor who sewed baby clothes, Noor Nobi had three beloved children who were killed in an unspecified accident. Numbed by grief, Noor Nobi wanders Calcutta until he’s struck by the sight of numerous cages filled with birds. “Poor creatures! Once they were free and now they are miserable,” he thinks. “Life is so precious and fragile. In an instant it can change or be snatched away.” Aware that nothing can bring back his children, Noor Nobi decides in a redemptive moment to help the birds.
Able to afford just one bird at a time, Noor Nobi buys one creature and releases it. Working day and night sewing dresses, he buys the cheaper, sickly birds, nurses them back to health, and then releases them. Six days a week, Noor Nobi is a tailor, but on Mondays he becomes the Birdman, stroking the birds’ feathers as he releases them (what a glorious illustration!) into a big banyan tree. And as people watch him, they, too, forget their troubles.
The story is simple, very touching, and elegantly told, evoking Calcutta’s colour, heat, and its citizens’ difficult lives. And – let me say it again – the illustrations are exquisite.
THE GAZETTE MONTRÉAL, SATURDAY, OCTOBER 21, 2006, BERNIE GOEDHART
Diables!
Écrit par Annouchka Gravel Galouchko et illustré par Stéphan Daigle, Éd. Mémoire d'encrier, 2006
Résumé
Connaissez-vous cette chanson du répertoire traditionnel québécois où un diable sort de l’enfer pour faire le tour du monde? Il embarque quelques insatisfaits et exploiteurs. Il décide de régler leur sort en les emmenant chez Lucifer. Personne ne sait ce qu’il advint d’eux après la descente. Voilà qu’Annouchka Gravel Galouchko se retrouve face à face avec les diables. Elle écoute passionnément leur histoire et nous la transmet. Stéphan Daigle, qui l’accompagne, guette derrière la porte. Il observe tout, et ses doigts se mettent à dessiner les moindres mouvements des diables.
LA PRESSE MONTRÉAL, DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2008
Sonia Sarfati
Chronique de littérature jeunesse
Esprit, es-tu là?
DIABLES!
Texte d'Annouchka Gravel Galouchko, illustré par Stéphan Daigle
(Mémoire d'encrier, dès 8 ans)
Distiller un message altruiste tout en jouant de l'humour, raconter l'amour du prochain sans être gnangnan : voici un livre magnifique en fond comme en forme, qui ne parle pas de Noël mais en "convoque" l'esprit.
À l'origine de DIABLES! une chanson du répertoire traditionnel québécois où le diable sort de l'enfer et, avant d'y retourner, embarque quelques insatisfaits afin de les présenter (!) à Lucifer. Point final. Annouchka Gravel Galouchko s'est amusée, avec humour et (im) pertinence, à imaginer ce qu'il leur arrivait après. Stéphan Daigle a mis le tout en images, avec cette manière unique qui est la sienne — puissance et simplicité de la ligne, combinaison du moderne et du primitif. Le résultat est aussi beau qu'amusant. Et aussi entraînant qu'une chanson.
DIABLES! est un conte philosophique qui a quelque chose de zen. Quoique la forme du livre l’apparente à un album jeunesse: on aurait tort de ne le considérer que sous cet angle. La chanson folklorique « Le diable est sorti de l’enfer », qui donne l'inspiration au conte, vient tout droit de notre passé catholique, ludique et bon enfant. Nous comprendrons au cours du récit que nous n’en sommes pas très éloignés. Annouchka Gravel Galouchko, dès les premières lignes, annonce son refus d’une vision du monde régie par la peur et le jugement. D'entrée de jeu, nous descendons en enfer, afin d’en comprendre les mécanismes. Par de savoureux jeux de mots, une langue haute en couleurs et une imagination débordante, Annouchka Gravel Galouchko nous fait subtilement prendre conscience que l’enfer naît entre nos deux oreilles. On comprendra que nos attitudes et nos jugements construisent les prisons dans lesquelles nous enfermons notre joyeuse liberté. La saine acceptation de la "brûlure" comme un enseignement de la Vie transformera à jamais l’enfer des quatre héros de l’histoire.
Stéphan Daigle, quant à lui, élabore un univers symbolique dans lequel se marie l’esprit des cultures premières avec une vision radicalement contemporaine. Dans des tableaux réalisés aux pinceaux, mais dont la maîtrise laisserait à penser qu’ils résultent de l’informatique, l’artiste développe des allégories détaillées aux couleurs raffinées. D’une graphie très affirmée, les images frappent profondément l’imagination. Avec un vocabulaire de lignes, de motifs et de textures colorés, Stéphan Daigle fait passer le royaume des morts dans celui des vivants.
Gilles Rivest (1941 - 2013) ordonné moine Soto zen par Roshi Deshimaru le 26 octobre 1980, il est l'auteur de l'ouvrage Sur la route du silence
Écrit par Annouchka Gravel Galouchko et illustré par Stéphan Daigle, Éd. Mémoire d'encrier, 2006
Résumé
Connaissez-vous cette chanson du répertoire traditionnel québécois où un diable sort de l’enfer pour faire le tour du monde? Il embarque quelques insatisfaits et exploiteurs. Il décide de régler leur sort en les emmenant chez Lucifer. Personne ne sait ce qu’il advint d’eux après la descente. Voilà qu’Annouchka Gravel Galouchko se retrouve face à face avec les diables. Elle écoute passionnément leur histoire et nous la transmet. Stéphan Daigle, qui l’accompagne, guette derrière la porte. Il observe tout, et ses doigts se mettent à dessiner les moindres mouvements des diables.
LA PRESSE MONTRÉAL, DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2008
Sonia Sarfati
Chronique de littérature jeunesse
Esprit, es-tu là?
DIABLES!
Texte d'Annouchka Gravel Galouchko, illustré par Stéphan Daigle
(Mémoire d'encrier, dès 8 ans)
Distiller un message altruiste tout en jouant de l'humour, raconter l'amour du prochain sans être gnangnan : voici un livre magnifique en fond comme en forme, qui ne parle pas de Noël mais en "convoque" l'esprit.
À l'origine de DIABLES! une chanson du répertoire traditionnel québécois où le diable sort de l'enfer et, avant d'y retourner, embarque quelques insatisfaits afin de les présenter (!) à Lucifer. Point final. Annouchka Gravel Galouchko s'est amusée, avec humour et (im) pertinence, à imaginer ce qu'il leur arrivait après. Stéphan Daigle a mis le tout en images, avec cette manière unique qui est la sienne — puissance et simplicité de la ligne, combinaison du moderne et du primitif. Le résultat est aussi beau qu'amusant. Et aussi entraînant qu'une chanson.
DIABLES! est un conte philosophique qui a quelque chose de zen. Quoique la forme du livre l’apparente à un album jeunesse: on aurait tort de ne le considérer que sous cet angle. La chanson folklorique « Le diable est sorti de l’enfer », qui donne l'inspiration au conte, vient tout droit de notre passé catholique, ludique et bon enfant. Nous comprendrons au cours du récit que nous n’en sommes pas très éloignés. Annouchka Gravel Galouchko, dès les premières lignes, annonce son refus d’une vision du monde régie par la peur et le jugement. D'entrée de jeu, nous descendons en enfer, afin d’en comprendre les mécanismes. Par de savoureux jeux de mots, une langue haute en couleurs et une imagination débordante, Annouchka Gravel Galouchko nous fait subtilement prendre conscience que l’enfer naît entre nos deux oreilles. On comprendra que nos attitudes et nos jugements construisent les prisons dans lesquelles nous enfermons notre joyeuse liberté. La saine acceptation de la "brûlure" comme un enseignement de la Vie transformera à jamais l’enfer des quatre héros de l’histoire.
Stéphan Daigle, quant à lui, élabore un univers symbolique dans lequel se marie l’esprit des cultures premières avec une vision radicalement contemporaine. Dans des tableaux réalisés aux pinceaux, mais dont la maîtrise laisserait à penser qu’ils résultent de l’informatique, l’artiste développe des allégories détaillées aux couleurs raffinées. D’une graphie très affirmée, les images frappent profondément l’imagination. Avec un vocabulaire de lignes, de motifs et de textures colorés, Stéphan Daigle fait passer le royaume des morts dans celui des vivants.
Gilles Rivest (1941 - 2013) ordonné moine Soto zen par Roshi Deshimaru le 26 octobre 1980, il est l'auteur de l'ouvrage Sur la route du silence
Mala
Gita Wolf-Sampath, Annouchka Gravel Galouchko, illus.
Quill and Quire, 2007
Read reviews of books
Subtitled “A Women’s Folktale,” Mala is the story of a courageous girl who defies the odds and goes in search of a demon that has been responsible for a drought. The story is adapted from a film made in India, which in turn was based on a traditional Indian folktale. This is a North American edition with stunning artwork by Quebec artist Annouchka Gravel Galouchko.
Mala’s brother Mani is turned into stone when he attempts to recover the rain seed that the demon has stolen. Now it is Mala’s chance to save the village and find her brother. But because she is a girl, she is denied the opportunity to rise to the challenge. The solution: change herself into her masculine alter-ego. The resultant boy, Amal, is then equipped with a special mirror, inside which Mala is hidden. This is fortunate for Amal, since he is unable to answer any of the demon’s three riddles without Mala’s subtle coaching inside the mirror. At the end, Mala is justly rewarded for her bravery and wisdom – a good role model for kids everywhere.
The artwork is outstanding. Rich, bold colour is used in conjunction with motifs and symbols, both dramatic and humorous. Galouchko, who won the 1995 Governor-General’s award for her illustrations in Sho and the Demons of the Deep, shows remarkable sensitivity to Indian landscape, imagery, and design.
Gathering Books
Myra Garces-Bacsal
I am no stranger to Annouchka Gravel Galouchko’s artwork as I have read and reviewed her Sho and the Demons of the Deep sometime in late 2010 for our HauntingTales Special. This book Mala written by Gita Wolf is based on a traditional Indian folktale. It is a beautifully told narrative that is perfectly matched by Annouchka’s dreamy and borderline-surreal landscapes filled with vibrant colors and spirit mothers and gypsies and a young girl who realized that she does not need to be a boy nor a strong muscled man to save her village.
Weaving an intricate story within a story, the narrative shows how three roving gypsy women came into Meena’s village which was suffering from drought, the riverbed dry and the fields barren. With baskets full of puppets on their heads and tom-toms and hand lutes, the gypsies sang about a tale of a demon who swallowed the rain and how a kind-hearted young girl named Mala managed to overpower a demon that turns heroes and young men into stone and ashes.
The gypsies also share how Mala was discouraged by her mother and by the King and his Minister from saving her own brother and the village from the demon because she is a girl:
The King laughed. So did the Minister. They laughed and laughed. Finally, the King wiped the tears from his eyes and gasped, “This is a real demon, little girl, that you are planning to kill. Not a doll. To tame him, you need strength and bravery.”
“I have all that,” said Mala confidently. “I go all alone through the countryside at noon to fetch a heavy pot of water. I go all alone to the forest to gather firewood. I do all the housework.”
The King became serious. “These things all girls do. Now go. A little girl setting out to defeat a demon, indeed!”
Gita Wolf-Sampath, Annouchka Gravel Galouchko, illus.
Quill and Quire, 2007
Read reviews of books
Subtitled “A Women’s Folktale,” Mala is the story of a courageous girl who defies the odds and goes in search of a demon that has been responsible for a drought. The story is adapted from a film made in India, which in turn was based on a traditional Indian folktale. This is a North American edition with stunning artwork by Quebec artist Annouchka Gravel Galouchko.
Mala’s brother Mani is turned into stone when he attempts to recover the rain seed that the demon has stolen. Now it is Mala’s chance to save the village and find her brother. But because she is a girl, she is denied the opportunity to rise to the challenge. The solution: change herself into her masculine alter-ego. The resultant boy, Amal, is then equipped with a special mirror, inside which Mala is hidden. This is fortunate for Amal, since he is unable to answer any of the demon’s three riddles without Mala’s subtle coaching inside the mirror. At the end, Mala is justly rewarded for her bravery and wisdom – a good role model for kids everywhere.
The artwork is outstanding. Rich, bold colour is used in conjunction with motifs and symbols, both dramatic and humorous. Galouchko, who won the 1995 Governor-General’s award for her illustrations in Sho and the Demons of the Deep, shows remarkable sensitivity to Indian landscape, imagery, and design.
Gathering Books
Myra Garces-Bacsal
I am no stranger to Annouchka Gravel Galouchko’s artwork as I have read and reviewed her Sho and the Demons of the Deep sometime in late 2010 for our HauntingTales Special. This book Mala written by Gita Wolf is based on a traditional Indian folktale. It is a beautifully told narrative that is perfectly matched by Annouchka’s dreamy and borderline-surreal landscapes filled with vibrant colors and spirit mothers and gypsies and a young girl who realized that she does not need to be a boy nor a strong muscled man to save her village.
Weaving an intricate story within a story, the narrative shows how three roving gypsy women came into Meena’s village which was suffering from drought, the riverbed dry and the fields barren. With baskets full of puppets on their heads and tom-toms and hand lutes, the gypsies sang about a tale of a demon who swallowed the rain and how a kind-hearted young girl named Mala managed to overpower a demon that turns heroes and young men into stone and ashes.
The gypsies also share how Mala was discouraged by her mother and by the King and his Minister from saving her own brother and the village from the demon because she is a girl:
The King laughed. So did the Minister. They laughed and laughed. Finally, the King wiped the tears from his eyes and gasped, “This is a real demon, little girl, that you are planning to kill. Not a doll. To tame him, you need strength and bravery.”
“I have all that,” said Mala confidently. “I go all alone through the countryside at noon to fetch a heavy pot of water. I go all alone to the forest to gather firewood. I do all the housework.”
The King became serious. “These things all girls do. Now go. A little girl setting out to defeat a demon, indeed!”
The Walking Stick
Quill and Quire
Read reviews of books
Van is a Vietnamese boy who can “see what is beyond the next hill.” When he finds a teak stick in the forest near a holy temple, he recognizes the stick’s spiritual worth. Blessed by Buddha, the walking stick becomes a talisman that promises to bring him safely home. When war disrupts the pattern of life in rural Vietnam, Van leads his family out of the country with his treasured stick. The new land assures peace, but the tapping of the walking stick on foreign streets never fails to evoke the stories, scents, and lush images of Vietnam. As the “tendrils” of Van’s stories become “wound ’round her heart,” his granddaughter Lynn inherits the yearning of the expatriate to see home again. She travels back to Vietnam, placing the stick at the foot of the Buddha with a prayer of thanks before returning to her own native land.
Trottier’s poetic text, the circle story of traditional folklore given a modern context, harmonizes brilliantly with Galouchko’s illustrations. Colour and intricate detail conjure up the mystical world of Vietnam without napalm. The pictures help create a connected and totemic world, where the watchful eye of Buddha is etched into the landscape with delicate lines. The reader will want to linger over the pages, drawn to the rhythmic beauty of the writing and the exquisite art. While children will be intrigued by the book’s hidden images and bursts of colour, older readers who have experienced the longing for home in another culture will find particular sanctuary here.
Quill and Quire
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Van is a Vietnamese boy who can “see what is beyond the next hill.” When he finds a teak stick in the forest near a holy temple, he recognizes the stick’s spiritual worth. Blessed by Buddha, the walking stick becomes a talisman that promises to bring him safely home. When war disrupts the pattern of life in rural Vietnam, Van leads his family out of the country with his treasured stick. The new land assures peace, but the tapping of the walking stick on foreign streets never fails to evoke the stories, scents, and lush images of Vietnam. As the “tendrils” of Van’s stories become “wound ’round her heart,” his granddaughter Lynn inherits the yearning of the expatriate to see home again. She travels back to Vietnam, placing the stick at the foot of the Buddha with a prayer of thanks before returning to her own native land.
Trottier’s poetic text, the circle story of traditional folklore given a modern context, harmonizes brilliantly with Galouchko’s illustrations. Colour and intricate detail conjure up the mystical world of Vietnam without napalm. The pictures help create a connected and totemic world, where the watchful eye of Buddha is etched into the landscape with delicate lines. The reader will want to linger over the pages, drawn to the rhythmic beauty of the writing and the exquisite art. While children will be intrigued by the book’s hidden images and bursts of colour, older readers who have experienced the longing for home in another culture will find particular sanctuary here.
The Nutmeg Princess
Canadian Library Association
Book Review
Reviewed by Judy Coulman
Richardo Keens-Douglas has captured in fiction the delight of story-telling from his childhood in Grenada, the Isle of Spice. The language and structure of The Nutmeg Princess reflect his love for, and proficiency at, this narrative art. At first, though, the inaccuracy of the sentence structure was obtrusive and I was unable to appreciate the panorama of the tale. Nevertheless, after several readings, the flow of the language, complete with sentence fragments and dangling participles, absolutely enthralled me.
"Because nobody was coming up the mountain to buy from Petite Mama" ends the first page of the book, introducing us to this independent character and her interdependence with nature. The flow of the language enhances the story-teller's ability to charm, both in the dialogue and in the narrative sections: "No thanks, sonny, no thanks."
The Nutmeg Princess representing goodness and beauty appears to Aglo after he hears about her from Petite Mama. Unlike Aglo, who believes in the princess, his friend Petal cannot see the Nutmeg Princess, until she performs an act of selfless bravery, endangering her life to save Aglo. The pure pleasure of fantasy, good and evil, greed in conflict with generosity, and moral values rewarded are all here in a rich tapestry.
The illustrator, Annouchka Galouchko, deserves special commendation. Her illustrations, riotous with colour, delight the senses at every turn. Yes, you can taste - and smell - the bouquet of the spice trees as you bask in the warmth of the tropical sun! She discusses her joy as a child creating stories from the intricate designs of the carpets in her home. Using this fantasy from childhood, she has created multi-layered illustrations that extend the text beyond the printed script, capturing the essence of Keens-Douglas' story. Evil is portrayed in garish characters. The corruption of mankind explodes from two full pages: one when technology tries to determine the depth of the lake on the spice mountain and the other when people tried to reach the diamonds they heard were suspended from the hair of the Nutmeg Princess.
This folkloric story is enhanced by the creative care of the illustrator. The holistic interdependence between nature and the principal characters is emphasized by the circular patterning of the illustrations.
Galouchko, using the gouache technique and a profusion of colours, obviously enjoyed the creation of these masterful pages. One small example of her anthropomorphic play is a horse incidental to the main focus of a full-page illustration. This horse, sporting two faces, has red flowers growing from her mane, a small colt curled inside her body, and is wearing ... I really do believe ... flowered running shoes! In this same illustration Petite Mama is very typically human, balancing precariously on one foot atop her ladder picking her fruit tree, but what a tree it is. Galouchko keeps the human component of her illustrations realistic; in contrast, her portrayal of nature is always wildly imaginative and magic.
The Nutmeg Princess will be an asset to a school library since it fills a void for materials from this geographic and cultural area. However, it will not allow itself to be contained here and in fact defies classification with such narrow categorization. This book is a fantastic, fabulous, magnificent gem for any collection (I hope I'm not too retiring in my praise) providing a cornucopia of delights for reader and listener both. The flow of language and the riotous panorama of the illustrations herald a perfectly matched team.
Canadian Library Association
Book Review
Reviewed by Judy Coulman
Richardo Keens-Douglas has captured in fiction the delight of story-telling from his childhood in Grenada, the Isle of Spice. The language and structure of The Nutmeg Princess reflect his love for, and proficiency at, this narrative art. At first, though, the inaccuracy of the sentence structure was obtrusive and I was unable to appreciate the panorama of the tale. Nevertheless, after several readings, the flow of the language, complete with sentence fragments and dangling participles, absolutely enthralled me.
"Because nobody was coming up the mountain to buy from Petite Mama" ends the first page of the book, introducing us to this independent character and her interdependence with nature. The flow of the language enhances the story-teller's ability to charm, both in the dialogue and in the narrative sections: "No thanks, sonny, no thanks."
The Nutmeg Princess representing goodness and beauty appears to Aglo after he hears about her from Petite Mama. Unlike Aglo, who believes in the princess, his friend Petal cannot see the Nutmeg Princess, until she performs an act of selfless bravery, endangering her life to save Aglo. The pure pleasure of fantasy, good and evil, greed in conflict with generosity, and moral values rewarded are all here in a rich tapestry.
The illustrator, Annouchka Galouchko, deserves special commendation. Her illustrations, riotous with colour, delight the senses at every turn. Yes, you can taste - and smell - the bouquet of the spice trees as you bask in the warmth of the tropical sun! She discusses her joy as a child creating stories from the intricate designs of the carpets in her home. Using this fantasy from childhood, she has created multi-layered illustrations that extend the text beyond the printed script, capturing the essence of Keens-Douglas' story. Evil is portrayed in garish characters. The corruption of mankind explodes from two full pages: one when technology tries to determine the depth of the lake on the spice mountain and the other when people tried to reach the diamonds they heard were suspended from the hair of the Nutmeg Princess.
This folkloric story is enhanced by the creative care of the illustrator. The holistic interdependence between nature and the principal characters is emphasized by the circular patterning of the illustrations.
Galouchko, using the gouache technique and a profusion of colours, obviously enjoyed the creation of these masterful pages. One small example of her anthropomorphic play is a horse incidental to the main focus of a full-page illustration. This horse, sporting two faces, has red flowers growing from her mane, a small colt curled inside her body, and is wearing ... I really do believe ... flowered running shoes! In this same illustration Petite Mama is very typically human, balancing precariously on one foot atop her ladder picking her fruit tree, but what a tree it is. Galouchko keeps the human component of her illustrations realistic; in contrast, her portrayal of nature is always wildly imaginative and magic.
The Nutmeg Princess will be an asset to a school library since it fills a void for materials from this geographic and cultural area. However, it will not allow itself to be contained here and in fact defies classification with such narrow categorization. This book is a fantastic, fabulous, magnificent gem for any collection (I hope I'm not too retiring in my praise) providing a cornucopia of delights for reader and listener both. The flow of language and the riotous panorama of the illustrations herald a perfectly matched team.