Chemins de mémoire : Une promenade littéraire qui fait revivre nos souvenirs à travers les mots d’une vingtaine d’auteurs.
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La tête, détail du tableau de L'homme artériel de tes gigues de Annouchka Gravel Galouchko
L'exposition sera prolongée jusqu'au 21 septembre 2025 au Belgo, 372 rue Sainte Catherine Ouest à Montréal. La galerie Éclats 521 sera ouverte tous les jours. «Le corps en question ?» Une exposition collective dirigée par le professeur Norman Cornett. À travers des œuvres photographiques, picturales et performatives, des artistes internationaux explorent la beauté, la vulnérabilité et la diversité des corps hors normes. Une invitation à célébrer la pluralité des identités et à repenser notre regard sur le corps. Détail du corps de L'homme artériel de tes gigues Accédez au Lien pour visionner l'extrait de l'interview
Dans le contexte de l’exposition Le corps en question ? mon œuvre, L’homme artériel de tes gigues, incarne une vision inclusive. Plus grand que nature, le corps représenté dans cette œuvre exprime l'intelligence créatrice se manifestant à travers ses organes vitaux, mais aussi l’acte créateur et la pulsion vitale associés au feu sacré habitant l’artiste. Le personnage évoque sûrement un aspect de mon homme intérieur. La création de L’homme artériel de tes gigues, dans ma quête d’absolu et d’unité avec le monde, parle de l’éclatement du mental qui donne accès à la dimension du corps cosmique. Un corps sans identification englobant tous les aspects et les différences enrichissants de la vie. Je me revois jeune femme dans la vingtaine, concentrée dans la création d’un tableau. Soudainement, une puissance redoutable se réveille en moi. Au moment où mon pinceau trace un grand trait rouge sur la toile immaculée, une flèche de feu me traverse du coccyx à la fontanelle. Ébranlée par son vrombissement le long de ma colonne vertébrale, j’ai la sensation qu’un geyser explose dans mon cerveau et se dissout, étincelant, dans l’infini du ciel. Durant ces quelques instants, je deviens un espace clair et vide. C’est, je le réaliserai plus tard, un basculement de la conscience. Ce premier éveil de la kuṇḍalini, déclenché en plein acte de création, est si violent que mon mental s’emballe de concert avec mon cœur. Mon corps brûle et tremble de froid tout à la fois. Le souffle d’un dragon ouvre une brèche dans mon inconscient. Dans cette nuit noire de mon âme de peintre, je projette sur de très grandes toiles mon état d’ébranlement etet énergie folle qui m’habite. Le corps nu, enduit de peinture, je m’imprime sur leur blancheur pour tenter de m’enraciner dans la matérialité. Puis dans un besoin impérieux de sentir le prix de l’effort physique, j’attaque des panneaux de bois à la torche puis les arrose à grande eau. Attendries par la flamme purificatrice, les fibres révèlent des surfaces texturées qui parlent des ravages de ma propre expérience. Il m’en faut plus encore, alors j’intègre dans mes œuvres des os et des rebuts ramassés dans les cours de récupération. Mes mains pleines d’énergie transforment les scories de l’inconscient collectif en or. L’homme artériel de tes gigues fait partie de ce cycle de création de ma jeunesse, de ce cycle de mort et de renaissance qu’a généré l’expérience de la montée de la kundalini et de l’explosion du mental s’en suivant. Le corps de L’homme artériel de tes gigues est constitué d‘éléments issus de la nature : son sexe provient d’un os de baleine que j’ai ramassé sur la grève de Cap-aux-Os en Gaspésie. Serti de pierreries, ce phallus représente également la coupe sacrée de l’ivresse mystique. Son corps est aussi fait de mousse forestière, d’écorces, de champignon poussant sur les arbres et de coquillages de différentes mers autour du globe. L’œuvre est créée également à partir de matières brutes issues de la récupération industrielle. Cette matière récupérée, à une certaine époque, a été vitale pour moi, en ce sens qu’en travaillant avec celle-ci, j’ai eu la sensation de devenir une alchimiste transformant mes conditionnements douloureux et les déchets du corps social en art ou, si l’on veut, en corps plus subtil. L’homme artériel de tes gigues se tient debout, la tête légèrement penchée : songeur. Les yeux sombres tournés vers l’intérieur, il brille et rayonne pourtant d’une énergie puissante, tout comme son sexe qui se dresse sans honte dans la lumière. Mon œuvre n’est pas issue d’un fantasme libidineux, elle témoigne d’une quête de dépassement des limites que nous nous imposons. Car en réalité, nous ne sommes pas confinés dans un corps étriqué : nous sommes aussi vastes qu’insaisissables. L’homme artériel de tes gigues, ce corps organique autant que cosmique qui exprime une part de nous résidant dans l’infinie diversité des éléments. Le tableau L'homme artériel de tes gigues a été choisi par le poète Gaston Miron pour la mise en scène de son spectacle La marche à l'amour. De 1991 à 1993, mon tableau a été sa mascotte au Théâtre de la Licorne, au Lion d'Or et au Théâtre de la Chapelle à Montréal ainsi qu’au théâtre Le Petit Champlain à Québec. C’est Gaston Miron qui a intitulé mon tableau L’homme artériel de tes gigues, appellation tirée de son poème Compagnons des Amériques. Le culte de Dionysos : Lors du vernissage de l’exposition Le corps en question ? j’ai eu le bonheur de converser avec H. Nigel Thomas, romancier, poète et essayiste. Nigel Thomas, avec finesse, a fait une association entre L'homme artériel de tes gigues et le Culte de Dionysos, évocation que j’ai trouvée, à plusieurs points de vue, pertinente. Définition de Wikipédia : Le culte de Dionysos: divinité grecque du vin, de l'extase et du théâtre, était un culte caractérisé par la recherche d'un état de communion avec le divin, menant à la libération des angoisses de la vie et à la promesse d'un renouveau spirituel ou encore d'immortalité. Les rituels incluaient des festins, des chants, des danses et, selon certaines interprétations, la consommation de substances psychoactives, symbolisant l'expérience de la mort et de la renaissance, comme l'indique le mythe orphique de Dionysos-Zagreus. Durant toute ma carrière d’artiste visuelle, mais aussi d’autrice, j’ai toujours voulu illustrer ou écrire des textes profondément reliés à ma quête de sens. Il y a quelques années en lisant le livre Le grand sommeil des éveillés de Daniel Odier, j’ai découvert avec bonheur sa Lettre à Éléonore. Je me suis fortement identifiée à cette petite fille qui semble avoir le blues du paradis perdu. Je n’ai donc pas hésité à écrire à l’auteur et à son éditeur qui m’ont accordé la permission d’en faire un album. À travers les huit questions fondamentales à Daniel Odier, Éléonore et moi revendiquons notre liberté innée; celle d’être au-delà des blessures reçues et des histoires répétées auxquelles nous finissons par nous identifier sans restriction. En choisissant ce chapitre pour en faire un album jeunesse, j’ai conçu un livre, celui que j’aurais tant aimé recevoir enfant. Mais aussi, un livre que j’aurais aimé découvrir à l’école! Rempli de tendresse intelligente, il y aurait sa trouvé sa place! Christian Bobin, un magnifique auteur récemment décédé, a déclaré au sujet de son enfance : « Ce qui me paraît le plus insupportable — et c'est aussi ce que fait notre société — c'est que l'école me séparait de moi-même. Ce n'était pas d'une personne, mais de moi-même, dans le vagabondage des heures, des humeurs. C'était ça dont j'étais séparé. » Lettre à Éléonore baume le cœur et apaise les peurs. Il nous rebranche à la simple joie de vivre par la présence à tous nos sens dans l’instant présent. La création des illustrations de Lettre à Éléonore a été pour moi un magnifique terrain d’exploration dans la terre du cœur. Les réponses d’une grande profondeur de Daniel Odier sont intimement imprégnées de sa connexion à l’être. Je me suis branchée directement à ce réservoir de bonté. Je le lis et relis aujourd’hui Lettre à Éléonore et y découvre au fil du temps de nouvelles clefs pour me permettre de vivre plus harmonieusement. J’ai abordé ce projet d’album par une exploration picturales intuitive. En revoyant mes images, je lève le voile sur des significations qui m’avaient échappé lors de leur création. Je crois au pouvoir transformateur des albums jeunesse et de leur immense importance dans la vie psychique des enfants. J’ai dû faire un long travail sur moi-même afin que naissent mes premières illustrations. Les parents et enseignants qui liront cet album avec leurs enfants ne pourront faire autrement que de grandir avec eux, la quête d’une communication vraie et réciproque entre adultes et enfants balayant les illusions. Nous sommes tous et toutes Éléonore. Si tu ressens le mouvement, la vie, la palpitation du cœur et du corps, c'est un peu comme si tu étais assise devant la mer, sans bouger, et que tu la regardais.
À un moment, brusquement, tu ne vas pas être emprisonnée par ton corps, tu vas te sentir si libre que tu vas te fondre avec la mer, avec le ciel. Si soudain il y a un peu de pluie, puis de nouveau du soleil, un arc-en-ciel va se dessiner dans le ciel, parfois même deux arc-en-ciel, l'un au dessus-de l'autre. À ce moment là, tu vas regarder, tu vas respirer doucement, et tout à coup ton corps va se transporter dans l'arc-en-ciel, ton corps sera l'arc-en-ciel. C'était comme si ton corps était un magicien. Il peut prendre toutes les formes, il peut aller partout, il peut s'ouvrir et s'étendre dans le ciel. Par l'imagination il peut prendre différentes formes, mais dans la réalité aussi, lorsque tu le laisses aller à la rencontre du monde extérieur. Daniel Odier, extrait de l'album jeunesse Lettre à Éléonore (Éditions du Relié, Paris) illustré par Annouchka Gravel Galouchko Détail de L'homme artériel de tes gigues présenté lors de l'exposition intitulé Le corps en questions? Oeuvre de Annouchka Gravel Galouchko, 1991, acrylique et procédés mixtes dur bois Le sexe masculin représente ici l'énergie créatrice ascendante. Je partage ici avec vous 5 liens renvoyant à des commentaires et analyses du professeur Norman Cornett sur l'exposition et le travail de certains exposants. L'exposition sera prolongée jusqu'au 11 septembre 2025 lors de la rentrée culturelle des galeries d'art contemporain du Belgo qui est situé au 372 rue Sainte Catherine Ouest à Montréal. https://www.facebook.com/share/v/1Fsgto5Gzb/?mibextid=wwXIfr https://www.facebook.com/share/p/1Jgbg8FtjV/ https://www.facebook.com/share/v/1E7yyaDSKW/?mibextid=wwXIfr https://www.youtube.com/watch?v=gj11fr95JNM https://www.choq.ca/balados/dans-les-airs/emission-du-7-aout-2025-2 Vous êtes chaleureusement invités à participer au vernissage qui aura lieu mardi 19 août, à la galerie Éclats Art Contemporain, de 17 h 00 à 20 h 30. Le corps en question? exposition à la galerie d'art contemporain Éclats 521 au Belgo à Montréal8/14/2025 Très beaux commentaires analytiques de l'historien d'art, le professeur Norman Cornett, à propos des œuvres des différents artistes faisant partis de l'exposition Le Corps en questions, présentée à la galerie Éclats 521 au Belgo à Montréal.
J'ai été invité à participer à une exposition collective regroupant 8 artistes d'horizons différents. Voici le lien me présentant ainsi que mon œuvre exposée à la galerie Éclats 521 Éclats 521 Art contemporain Une proposition audacieuse qui interroge la représentation du corps Une exposition collective dirigée par le professeur Norman Cornett. À travers des œuvres photographiques, picturales et performatives, des artistes internationaux explorent la beauté, la vulnérabilité et la diversité des corps hors normes. Une invitation à célébrer la pluralité des identités et à repenser notre regard sur le corps. Une exposition collective rassemblant des artistes internationaux d’horizons variés sous la direction du commissaire, le professeur Norman Cornett. Cette proposition audacieuse interroge la représentation du corps à travers des œuvres où la lumière révèle la vulnérabilité, la force et la pluralité des identités. Entre photographie, peinture et geste capté, les artistes célèbrent la beauté singulière des corps en marge des normes. Une invitation à repenser notre regard, à embrasser la diversité, et à célébrer l’humain dans toute sa présence, sa chair et sa vérité. L’exposition « Le corps en question ? » a le privilège de compter deux figures éminentes du paysage culturel montréalais comme co-présidents d’honneur: Dorothy W. Williams et H. Nigel Thomas. Leur présence incarne les valeurs de diversité, de transmission et d’ouverture qui traversent ce projet. Dorothy W. Williams est historienne, chercheuse et éducatrice. Spécialiste de l’histoire des Noirs au Québec, elle a consacré sa carrière à documenter la présence afrodescendante à Montréal et au Canada. Ses ouvrages de référence, Blacks in Montreal 1628-1986 et The Road to Now, ont permis de révéler une mémoire souvent occultée. En fondant The ABC’s of Canadian Black History, elle a ouvert un espace pédagogique essentiel, où l’histoire devient outil de reconnaissance et de transformation. Sa voix, rigoureuse et engagée, résonne avec la volonté de cette exposition : redonner au corps toute sa charge historique, politique et sensible. H. Nigel Thomas, romancier, poète et essayiste est l’une des figures majeures de la littérature anglophone québécoise contemporaine. Auteur de romans tels que Spirits in the Dark ou No Safeguards, il explore dans ses œuvres les questions d’identité, d’immigration, d’homosexualité, de langue et de race, avec une finesse psychologique rare. Son engagement dans l’enseignement et son apport littéraire ont fait de lui une voix incontournable des diasporas noires et LGBTQ+ au Canada En tant que co-présidents d’honneur, Dorothy W. Williams et H. Nigel Thomas incarnent une mémoire vivante, une parole libre et une vision résolument inclusive. Leur appui donne à «Le corps en question ?» une résonance élargie, ancrée dans les luttes pour la reconnaissance, la justice et la beauté des identités plurielles. Professeur Norman Cornett Commissaire de l’expositionPenseur iconoclaste, éducateur hors-norme et passeur entre les mondes artistiques, culturels et spirituels, le professeur Norman Cornett est reconnu pour son approche pédagogique novatrice, qu’il nomme « dialogique ». À la fois historien des idées, théologien et spécialiste des relations interculturelles, il a enseigné à l’Université McGill pendant plus de deux décennies, façonnant des générations d’esprits critiques. Sa méthode fondée sur le dialogue créatif a trouvé un écho particulier dans le milieu des arts, où il agit comme commissaire d’exposition, conseiller culturel et modérateur de rencontres publiques. Il collabore régulièrement avec des artistes visuels, écrivains, musiciens et penseurs engagés dans des démarches transdisciplinaires. Pour l’exposition « Le corps en question ? », Norman Cornett signe un commissariat audacieux et profondément humaniste. Son choix d’œuvres, à la croisée de la photographie, de la peinture et de l’engagement social, reflète sa volonté de créer un espace où les corps s’expriment dans leur vérité plurielle. En donnant voix à la fluidité des identités, à la mémoire incarnée et aux tensions esthétiques du présent, il fait de cette exposition un véritable lieu de dialogue, fidèle à sa conviction que « l’art est un pont entre les consciences ». Édifice Belgo, Espace 521 372 Rue Sainte-Catherine, Montréal, QC H3B 1A2, Lundi – Vendredi: 9h00 – 17h00 Samedi : 13h00 - 16h00 |
Improvisation Hélène Élise Blais et Annouchka Gravel Galouchko, 2004
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