Je suis également auteure. Au tout début des années 1980, isolée dans un village en Gaspésie, j’ai peint les premières images et amorcé l’écriture d’un de mes futurs albums, Le jardin de Monsieur Préfontaine. Le livre parle de la blessure laissée par la perte du paradis. Après avoir perdu la fortune reçue en héritage qui lui permettait d’entretenir un domaine de beauté, Monsieur Préfontaine est obligé de trouver en lui-même les ressources pour le faire renaître. Il doit retrouver au cœur même de l’être, le jardin intérieur immortel et indestructible.
©Annouchka Gravel Galouchko Le jardin de monsieur Préfontaine (Les élémentaux), acrylique sur papier Arches, 56 cm x 76 cm 1982-1990. Image tirée du livre Le jardin de monsieur Préfontaine, Éditions Les 4oo coups, Montréal, 1997 Voici l'histoire d'un jardin extravagant, gorgé de fruits, de fleurs, de parfums, de couleurs et de musique... La musique d'une petite fontaine qui refusa de se taire, même aux plus mauvais jours. Même lorsque Firmin, le propriétaire, affligé par le malheur qui frappait son jardin, laissa tout à l'abandon, la fontaine chanta encore. Elle chanta jusqu'à ce que renaissent l'espoir et le jardin. Alors, elle prit un peu de repos.
Je suis également auteure. Au tout début des années 1980, isolée dans un village en Gaspésie, j’ai peint les premières images et amorcé l’écriture d’un de mes futurs albums, Le jardin de Monsieur Préfontaine. Le livre parle de la blessure laissée par la perte du paradis. Après avoir perdu la fortune reçue en héritage qui lui permettait d’entretenir un domaine de beauté, Monsieur Préfontaine est obligé de trouver en lui-même les ressources pour le faire renaître. Il doit retrouver au cœur même de l’être, le jardin intérieur immortel et indestructible.
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©Annouchka Gravel Galouchko, Festival du cinéma chinois, acrylique et procédés mixtes sur papier, 62 cm x 39 cm, Image réalisée pour l’affiche du Festival du cinéma canadien chinois contemporain à Montréal, Office National du Film, Montréal, 1988 Cette image, je l’ai réalisée en 1988 en noir et blanc pour l’affiche du festival du Cinéma canadien chinois Contemporain, en lien avec l’Office national du film du Canada et la Cinémathèque québécoise de Montréal.
Le Centre de la communauté chinoise de Montréal située sur la rue Saint-Dominique a fait appel, à l’époque, à mes services pour la création de l’affiche du Festival. J’y ai relié des icônes culturelles orientales principalement chinoises, le cinéma et Montréal de façon poétique et onirique. ©Stéphan Daigle et Annouchka Gravel Galouchko, The Birdman (L'envol), gouache fine sur papier Arches, 29, 21 cm x 44,45 cm, image tirée de The Birdman Éd. Penguin Random House, Etats-Unis Les illustrations de l'album, The Birdman, qui a été en nomination pour le Prix du Gouverneur du Canada en 2006 ont été réalisées en collaboration avec Stéphan Daigle, mon compagnon. C’est d’ailleurs lui qui a créé le dessin initial. Extrait tiré du magazine littéraire Quill & Quire par Carlyn Zwarenstein La première chose qu'il faut dire de The Birdman, c'est que les illustrations de la Montréalaise Annouchka Gravel Galouchko et de son partenaire, Stéphan Daigle, sont magnifiques. Avec des motifs complexes de style Gustav Klimt qui remplissent chaque zone brillamment colorée, les illustrations du livre rappellent également Chagall par leur utilisation surréaliste et fantastique des oiseaux et des yeux ainsi que des machines à coudre à tête animale. Les tableaux qui sont de véritables œuvres d’art en elles-mêmes, et s’adaptent merveilleusement bien au texte. L'histoire de l'auteure torontoise Veronika Martenova Charles est vraie. Une postface de cinq pages décrit avec des photos Noor Nobi, le véritable homme-oiseau de Calcutta, et comment Charles a découvert son histoire dans le Toronto Star et l'a suivie jusqu'en Inde. Un tailleur qui cousait des vêtements pour bébés, Noor Nobi a eu trois enfants bien-aimés qui ont été tués dans un accident non spécifié. En proie au chagrin, Noor Nobi erre à Calcutta jusqu'à ce qu'il soit frappé par la vue de nombreuses cages remplies d'oiseaux. "Pauvres créatures ! Autrefois, elles étaient libres et aujourd'hui, elles sont malheureuses ", pense-t-il. "L’existence est si précieuse et fragile. En un instant, elle peut changer ou nous être arrachée." Conscient que rien ne peut ramener ses enfants, Noor Nobi décide dans un moment de rédemption d'aider les oiseaux. Capable de n'acheter qu'un oiseau à la fois, Noor Nobi achète une créature et la relâche. Travaillant jour et nuit à coudre des robes, il achète les oiseaux les moins chers et les plus malades, les soigne et les remet en santé, puis les relâche. Six jours par semaine, Noor Nobi est tailleur, mais le lundi il devient l'homme-oiseau, caressant les plumes des oiseaux en les relâchant (quelle belle illustration !) sur un grand banian. Et quand les gens le regardent, ils oublient aussi leurs problèmes. L'histoire est simple, très touchante et racontée avec élégance, évoquant la couleur de Calcutta, la chaleur et la vie difficile de ses habitants. Et - permettez-moi de le répéter - les illustrations sont exquises. ©Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle, The Birdman (L'échange), gouache fine sur papier Arches, 29, 21 cm x 44,45 cm, image tirée de The Birdman Éd. Penguin Random House, Etats-Unis L’autre jour, Guodong Zhang, le codirecteur de la galerie boutique Loongese, nous a envoyé ce petit mot fort pertinent au sujet de l’œuvre L’Échange : Je trouve que The Birdman (L'échange) a peut-être des liens avec L’Oiseau Soleil doré (Golden Sun Bird) qui est un trésor national chinois découvert en 2001 dans les ruines de Jinsha dans la ville de Chengdu, province du Sichuan. En 2005, le Golden Sun Bird a été adopté comme symbole du patrimoine culturel de cette province. J'ai visité le musée et j'ai vu cette relique culturelle lorsque j'ai réalisé un projet à Chengdu en 2009. Cette ressemblance m'a vraiment étonné. Moi, cette coïncidence ne m’étonne pas ! Ce n’est pas la première fois qu’une chose semblable se manifeste en lien avec notre travail de création. Il faut comprendre que ce que nous appelons l’inspiration est en fait une percée intuitive dans l’inconscient collectif transtemporel de l'Humanité. Prix et Mentions The Birdman Nomination en 2009 pour le Golden Oak Award, Ontario Library Association, Canada. Nomination en 2008 pour le Silver Birch Award, Ontario Library Association, Canada. Finaliste en 2007 au Rocky Mountain Book Award, Canada. Nomination en 2007 pour le Tree Award-Blue Spruce, Ontario, Canada. Finaliste en 2007 pour le prix de l'illustration Rutgers Book of the Month Award, Rutgers University of New-Jersey, États-Unis. Lauréat en 2007 pour le prix de l'illustration du Sigurd F.Olson Award for Nature Writing, (SONWA) for Chidren's Literature, Sigurd Olson Environmental Institute, Northland College, États-Unis. Finaliste en 2007 au ASPCA Henry Bergh Children's Book Award, États-Unis. Finaliste en 2007 au Amélia Frances Howard Gibbon Award, Canada. Mention d’honneur en 2007 au Kind Award (Children's Book Award), États-Unis. Mention d’honneur en 2007 au Canadian Children's Book Centre Award, Canada. Nomination en 2006 au Prix du Gouverneur Général du Canada pour l’illustration d’un livre jeunesse anglophone ©Annouchka Gravel Galouchko Frémissement magique, 1982, Gouache fine sur papier Arches, 56 cm x 76 cm Frémissement magique
Cette image est un précieux et dernier vestige de mes vingt ans et de ma vie de bohème romantique! Je l’ai créée alors que je vivais en pleine nature avec mon amoureux musicien près de l’île Verte. Le tableau représente d’une certaine façon cet Orient vaste et mystérieux. Mais ici, il se reflète dans les montagnes nordiques du Bas-Saint-Laurent et de l’immensité du fleuve et de ses paysages côtiers. À cette époque, nous voyagions comme des troubadours avec nos instruments de musique et un castelet de théâtre d’ombres que nous avions fabriqués avec ses personnages plats et ses décors découpés dans des feuilles en bois léger. Nous projetions des univers oniriques en ombres chinoises sur un écran qui s’articulait autour d’histoires que j’écrivais. Toute la magie mystérieuse des silhouettes, de la lumière et de la musique du théâtre d’ombres se retrouve probablement dans ce tableau de clair de lune dont les motifs et masques des personnages pourraient rappeler l’art indonésien de Bali et de Java. Histoires de mes tableaux, Suite de L'exposition Bâtir un Pont entre l'Orient et l'Occident11/28/2019 ©annouchka Gravel Galouchko. Shô et les dragons d'eau (Portrait de Shõ) gouache fine sur papier Arches, 54 cm x 38 cm, 1995. Image tirée du livre Shô et les dragons d'eau, Annick-Press, Toronto ©Annouchka Gravel Galouchko. Shô et les dragons d'eau (L'envol du héron) gouache fine sur papier Arches, 54 cm x 38 cm, 1995. Image tirée du livre Shô et les dragons d'eau, Annick-Press, Toronto L’album jeunesse Shô et les dragons d’eau (Éditions Annick-Press 1995) que j’ai écrit et illustré, témoigne parfaitement mon désir de sortir de l’ombre les peurs et les cauchemars qui habitent l'humanité et qui sont indissociables de ceux qui ont habités mon enfance et la vie des miens, et de les exposer à la lumière afin qu’ils deviennent énergie créatrice. Le livre a remporté le Prix du Gouverneur Général du Canada en 1995 pour ses illustrations et le texte a été mis en nomination pour ce même prix. La même année, Shô a remporté le Silver Birch Award Ontarien ainsi qu’une médaille d’argent pour le prix littéraire international Korczak en Pologne. L’album sert aussi d’outil dans les cliniques et les milieux scolaires afin d’aider à guérir la psyché des enfants traumatisés par la guerre. Hokusaï, un peintre graveur japonais du 17e siècle a été pour moi une inspiration importante pour la création des illustrations de Shô. J’ai d’ailleurs dédié ce livre à cet artiste pour l’honorer de son aide et le remercier d’avoir donné à l’humanité un si riche témoignage de la vie rustique au Japon. L’histoire de Shô et les dragons d’eau est le fruit d’un parcours spirituel. J'ai fréquenté durant dix ans un monastère zen qui est de tradition japonaise. Le maître du temple Mukiku Zen Ji nous transmit généreusement ses précieux enseignements. Le zazen (méditation) et le samu (travail physique) étaient des composantes essentielles de la discipline spirituelle. On peut d’ailleurs voir dans le livre Shô une illustration où elle ratisse en vaguelettes du sable dans un jardin de roches. C’est là un jardin inspiré du monastère Mukiku Zen Ji. Aujourd’hui notre maître zen est décédé, mais ses enseignements continuent de nous faire grandir. J’ai appris que le mot Shô avait plusieurs significations, shô en japonais est l'orgue à bouche chinois , sheng, un instrument qui symbolise le phénix, et dont le son imite l'appel de l'oiseau ; mais aussi, la qualité d'éveil spirituel. Je crois bien qu’inconsciemment j’ai choisi ce nom en résonance avec la qualité d’illumination qui représente mon héroïne. La fillette dans mon histoire est omnisciente, c’est une sage, car elle a atteint « l’autre rive ». Cela signifie qu’elle a atteint la compréhension où l'on reconnaît la nature sacrée de toute chose, celle où l'on reconnaît en soi et en chacun notre « vraie nature » ou notre nature éveillée. Shô est pleinement consciente de cette vie éternelle en elle et, parce qu’elle est pleinement consciente aussi que cette vie est la même dans tous les autres êtres, il lui est facile de les aider. Comme elle voit clair en elle-même : elle voit clair en tous et en toutes les formes de vies. Elle peut donc reconnaître les réels besoins des êtres. Les trois conditions imposées aux villageois: celle d’arrêter de jeter les cauchemars à la mer, celle d’affronter les démons et celle de partager les fruits de la pêche avec les plus démunis sont les conditions ou les causes altruistes qui permettront à de nouvelles situations plus bénéfiques de se manifester. C’est ce qu’on appelle la loi de la cause à effet. Ce n’est pas difficile pour moi de personnaliser des objets pour la simple raison que je prends plaisir à donner une allure humaine et fantaisiste à mes arbres, pierres ou objets. Mon inspiration me vient d'une vision que j'ai du monde : comme quoi, tout est vivant. Dans mes illustrations, l'arbre peut marcher, la montagne observer les événements autour d'elle. Une maison habitée par des gens malheureux peut pleurer. Dans l’histoire de Shô, lorsqu’à nouveau le poisson abondera aux repas dans les foyers, les maisons prendront la forme de poissons. Les cheminées en forme de bouche de poisson laissent s’échapper des fumets de soupe. Celles-ci sont un peu inquiétantes, l’odeur du vieux poisson pouvant être épouvantable. Cela nous rappelle la mauvaise odeur de bouche que l'on peut parfois avoir au petit matin et symbolise dans l’illustration que les gens recommencent à accumuler tranquillement leurs cauchemars dans leurs foyers. Le titre de Shô et les dragons d’eau, ou plutôt son inspiration me sont venus lors d’un festival de cerfs-volants à Montréal. Il y avait un cerf-volant, à mes yeux très particuliers, qui m'a fait vibrer de la tête au pied! Le cervoliste avait enroulé autour de ses reins une longue corde sur laquelle s'alignait une série d’oiseaux blancs découpés. Les oiseaux enfilés sur la corde et agités par le vent montaient dans le ciel en une file étincelante. J’avais l’impression que chaque oiseau blanc était une vertèbre d’une colonne vertébrale humaine géante tendue vers les hauteurs. Le corps et l’esprit du cervoliste étaient très concentrés tout en étant solidement ancrés dans le sol. À ce moment-là, j'ai senti dans ma colonne vertébrale un flux d’énergie vibrer et s’élever du coccyx vers ma tête. C’était très doux, une sorte de vent intérieur soudainement se réveillait et s’élevait par vagues en moi. Je regardais, un peu ébranlée, le cervoliste très absorbé donner la direction à son cerf-volant. Il m’inspirait. Mes pieds prenaient, à son image, racine dans le sol, car je ne voulais surtout pas m’envoler à tous les vents et risquer de me casser le nez sur le sol. J’avais à ce moment la conviction merveilleuse qu’un même vent, où qu’une même vie, nous animait tous. Et là, j'ai compris que le feu sacré de l’inspiration, ou qu’un vent subtil, était venu me visiter. Je savais qu'une création naîtrait de cette expérience. Dans une des illustrations du livre, on peut voir un portrait de Shô avec une chute d’eau à l’intérieur d’elle qui représente son jardin intérieur. Un pont en arc-en-ciel derrière sa tête traverse le paysage où des bouddhas méditent. Ce pont de lumière symbolise pour moi le pont reliant la terre au ciel, unifiant l'absolu aux phénomènes, la manifestation visible du divin en toutes choses, le physique au spirituel : l’harmonie d’un corps et d’un esprit qui se sont intégrés. Par la suite, le titre de Shô et les dragons d’eau s’est révélé à mon esprit tout naturellement. Bien des cerfs-volants prennent la forme de dragons en extrême orient. Le terme de démons intérieurs pour signifier nos peurs, culpabilités et blocages émotionnels est familier dans bien des traditions. Les dragons dans Shô symbolisent les peurs ou les démons intérieurs des habitants qui sont refoulés dans la mer (l’inconscient) et qui seront mis à la lumière du soleil (la conscience). À cette condition, les dragons pourront s’élever joyeusement vers le ciel et se transformer en Phénix ou Simorg spirituel ! Ainsi, la peur peut être transformée en bonheur et en inspiration créatrice : tout cela n’est-il pas merveilleux et plein d’espoir? Mon histoire de Shô et les dragons d'eau met en scène des éléments de ma vie psychique si profonds et si importants que ce récit s'est poursuivi dans un nouveau texte. Le livre a pris la forme d'un petit roman jeunesse, en format poche, accompagné d'illustrations noir et blanc et titré Les cerfs-volants ensorcelés, publié chez Leméac, au Canada en 2004. Annouchka Gravel Galouchko, Les cerfs-volants ensorcelés, (Leméac Éditeur) est la suite de Shô et les dragons d'eau Cérémonie authentique de thé à la galerie Loongese lors du mon vernissage de Bâtir un Pont . Photo de Jocelyn Deschênes
La maison de thé Sakao de Shizuoka nous a gracieusement fait goûter lors du vernissage une variété magnifique de thé Histoires autour de mes tableaux suite de l'exposition Bâtir un Pont entre l'Orient et l'occident11/28/2019 ©Annouchka Gravel Galouchko. Ispahan, acrylique et procédés mixtes sur papier, 100 cm x 75 cm, 1986. Image tirée de la monographie sur l’artiste, Envol Imaginaire, Images, Les 400 coups, Montréal 1998. Ayant vécu plusieurs années au Moyen-Orient, en Égypte et en Iran, les images que j’ai intégrées dans mes tableaux à différentes époques sont souvent liées à ces cultures que j’ai absorbées dans mon enfance et mon adolescence. Celles-ci font donc partie organiquement de mon bagage.
L’Islam, étant une religion du verbe, les pays arabes utilisent ses écritures à la fois comme motifs, illustrations et véhicules de communication. Les Écritures saintes se retrouvent donc partout autour de vous lorsque vous êtes immergés dans cette culture. Comme je n’ai jamais appris ni les langues ni les écritures arabes : la calligraphie arabe est restée incompréhensible pour moi, quoiqu’ayant accompagné mon immersion au Caire autant qu’à Téhéran. Elle est apparue dans mes tableaux comme motifs créant des surfaces texturées et vibrantes. D’une certaine façon, cette écriture devenue abstraite sous la forme d’arabesques a pratiquement toujours fait partie de mes images. ©Annouchka Gravel Galouchko, The Walking Stick (Levé du soleil sur la rizière), 1997, gouache fine sur papier Arches, 32 cm x 60 cm. Image tirée du livre The Walking Stick, Stoddart Kids, Toronto NewYork. Maison d'édition reprise par Fitzhenry&Whiteside, Toronto. NewYork. The Walking Stick. Texte Maxine Trottier, illustrations Annouchka Gravel Galouchko. Extrait tiré du magazine littéraire Quill & Quire par Sheree Haughian Van est un garçon vietnamien qui peut "voir ce qu'il y a au-delà de la prochaine colline". Lorsqu'il trouve un bâton de teck dans la forêt près d'un temple saint, il reconnaît la valeur spirituelle du bâton. Bénie par Bouddha, la canne devient un talisman qui promet de le ramener sain et sauf à la maison. Quand la guerre éclate, bouleversant le mode de vie des habitants jusque dans les campagnes vietnamiennes : Van, munie de son précieux bâton, emmène sa famille hors du pays. La nouvelle terre assure la paix, mais le tapotement de la canne dans les rues étrangères évoque continuellement les histoires, les parfums et les images luxuriantes du Vietnam. Alors que les "vrilles" des histoires de Van "s’enroulent autour de son cœur", sa petite-fille Lynn hérite du désir ardent que l'expatrié porte en lui, celui de rentrer chez lui. Elle retourne au Vietnam, plaçant le bâton au pied du Bouddha avec une prière de remerciement avant de s’en revenir dans son pays natal. Le texte poétique de Trottier, l'histoire en cercle du folklore traditionnel dans un contexte moderne, s'harmonise parfaitement avec les illustrations de Galouchko. La couleur et les détails complexes évoquent le monde mystique du Vietnam sans napalm. Les images aident à créer un monde connecté et totémique, où l'œil vigilant du Bouddha est gravé dans le paysage avec des lignes délicates. Le lecteur voudra s'attarder sur les pages, attiré par la beauté rythmique de l'écriture et l'art exquis. Alors que les enfants seront intrigués par les images cachées et les éclats de couleurs du livre, les lecteurs plus âgés qui ont vécu l'aspiration d'un foyer dans une autre culture y trouveront un sanctuaire particulier. J’ai hérité moi aussi d’une certaine nostalgie, celle de mes grands- parents russes paternels exilés au péril de leur vie en France à la fin de la révolution russe. Bien souvent, ma grand-mère nous racontait des histoires très touchantes de sa famille tant aimée restée là-bas ainsi que de sa terre natale perdue à tout jamais. Cet héritage subtil, mais très profond que j’ai reçu, relié au sentiment d’expatriation de mes grands-parents, m’a amené à chercher plus largement en moi-même la terre immuable, celle qui réside au cœur de chacun; celle qui a toujours été et qui sera toujours, la Terre pure, immaculée, Notre Vraie Demeure ou la Nature originelle, termes que l’on retrouve dans plusieurs branches du bouddhisme. Ainsi, en illustrant l’histoire du, The Walking Stick, tout comme Lynn l’héroïne de l’histoire, j’ai fait un voyage initiatique en y projetant visuellement mon grand désir de connaître un jour mon Vrai chez Soi indestructible. J’ai pu, par le processus de création, y relier totalement mon propre cheminement spirituel. Le contexte du récit était évidemment très inspirant pour que je puisse y exprimer plusieurs niveaux de lecture symboliques et visionnaires, annonciateurs également de mon parcours spirituel futur : la poursuite dix ans plus tard de la transmission du dharma dans une autre branche du Bouddhisme, le vajrayana, ou bouddhisme tantrique, qui permettra à ma quête de se poursuivre dans un contexte authentique. Alors que je peignais"Naissance spirituelle" je pratiquais encore à l'époque le bouddhisme zen très épurée et je ne connaissais pas encore le bouddha bleu Hérouka! Trois heures après avoir réalisé cette avant dernière image qui clôt l'album The Walking Stick, j'ai mis au monde mon fils Sacha à l'hôpital de Sainte Agathe! Le travail de l'accouchement s'est déroulé en partie avec mon conjoint dont les mains étaient devenues comme les parois de mon utérus et où m tête, comme celle de mon enfant, poussait pour naître. ©Annouchka Gravel Galouchko, The Walking Stick (Naissance spirituelle), 1997, collection privée, gouache fine sur papier Arches, 32 cm x 60 cm. Image tirée du livre The Walking Stick, Stoddart Kids, Toronto
NewYork. Maison d'édition reprise par Fitzhenry&Whiteside, Toronto. NewYork. Petites histoires autour de mes tableaux : Exposition Bâtir un Pont entre l'Orient et l'Occident11/22/2019 Les couleurs de ma mère (Bleu), 2004-05, acrylique et procédés mixtes sur toile, 92 cm x 71 cm. Image tirée du livre Les couleurs de ma mère, HMH Hurtubise, Montréal Les couleurs de ma mère
La vie et la mort en couleurs par Venise Landry Extrait de VOIR.CA Je ne sais pas de quelle nationalité est l'illustratrice, mais elle ose la couleur avec un petit quelque chose d'ailleurs. D'ukrainien, ou je ne sais. En tout cas, j'ai rarement vu une couverture d'album aussi franchement joyeuse et enlevante. Le titre se donne tout entier à cette image forte de la mère toute en couleurs. Il y a de ces idées que l'on aimerait avoir soi-même ; c'est dire alors combien on admire les personnes qui les poussent à bout de bras et de crayons. Jumeler les humeurs d'une mère avec des couleurs franches et généreuses, il n'y avait pas, à mon sens, de meilleure astuce pour concrétiser l'abstrait chez les "5 ans et plus". C'est ingénieux. S'il y a un comble de l'abstraction pour l'enfant, c'est bien la mort (pour l'adulte aussi !) et Francine Caron l'a apparenté au blanc ; la "blancheur de la mort". Du coup, cela nous sort du morbide, du deuil tout de noir vêtu. Je n'ai rien contre l'idée d'aborder le départ de notre escale sur terre comme une lumineuse porte de sortie. Pourquoi pas ? Surtout pour les enfants qui expérimentent, tôt ou tard, la mort d'un proche, ne serait-ce que celle de leurs grands-parents. Avant de le donner à ma nièce, comptez sur moi pour le lire en ouvrant grand le cœur et les yeux ! Ce tableau nous parle de toute la tendresse d’une mère pour son enfant. La comparer avec un ange gardien m’apparaît légitime, car s’il est un gardien protecteur de l’enfance, c’est bien une mère. L’allusion à la mer tient à l’homonymie entre les mots mère et mer. En fait, la mer est bien la mère de toutes vies sur notre petite planète. Encore là, il y a quelque chose de persan dans l’iconographie de cette image en même temps qu’elle utilise les bleus si aimés de cette culture. ![]() Bâtir un pont / Building a bridge Photos prises au Caire en 1966 environ. Chaque année pour les anniversaires de leur progéniture, nos mères (j'inclue les mères de nos amies) nous costumaient de splendides vêtements représentant les cultures du monde. Souvent elles confectionnaient amoureusement elles-mêmes nos costumes. Dans la première photo à droite, je suis la petite souris qui échappe aux traditions vestimentaires. Ma sœur Marie, dans la deuxième photo, (la troisième fille vers la droite ) est vêtue d'une authentique robe de mariée bédouine de tradition juive. Issue d'un métissage culturel (père né en France de parents russes et mère née en Saskatchewan de parents québécois) et ayant vécu et voyagé depuis ma plus tendre enfance dans plusieurs pays (trois ans en Égypte, trois ans en Iran, un an au Mexique, un an en France et deux ans en Autriche), j'ai côtoyé différentes cultures. Ainsi, mon vécu et ma double origine ont enrichi et complexifié mon identité culturelle. À mon insu et au fond de moi s'est créé un amalgame de toutes ces influences que je retrouve par un effet de miroir dans mes œuvres. J'élabore ma propre mythologie à partir de toutes ces civilisations qui m'ont traversée et que j'ai traversées. Faisant partie de mon vécu passé non intellectualisé d'enfant et d'adolescente, ces multiples impressions que je recrée encore spontanément dans mon travail ont été reçues en toute sensibilité et sensualité. Petite, je me sentais déjà étrangère et familière à plusieurs cultures. J’étais immergée et souvent déracinée dans de nouveaux espaces sociaux culturels auxquels je devais rapidement m'adapter : j'absorbais et assimilais leurs influences comme le fait, en toute innocence, un enfant impressionnable. Mes parents cherchaient à imprégner leurs quatre enfants des merveilles du monde qu’eux-mêmes découvraient. Ils nous faisaient traverser des déserts, franchir des montagnes et parcourir par tous les moyens possibles des centaines de kilomètres pour contempler les vestiges d’une humanité perdue dans les méandres de l’histoire. La compagnie pour laquelle mon père a travaillé en tant qu’ingénieur en télécommunication l’a envoyé à travers le monde pour ses qualités de diplomate et de médiateur. Mon père avait une excellente oreille et apprenait facilement les langues. Il communiquait joyeusement en arabe avec le même respect envers le balayeur de rue, le barbier ambulant installé dès l’aube à l’entrée de notre immeuble, l’homme d’affaires, l’antiquaire érudit ou le diplomate. Au pays des pharaons, mon père s’est d’ailleurs souvent fait prendre pour un égyptien. L'esprit tellement ouvert et souple, il a passé pour un indigène dans les nombreuses autres contrées (nordiques parfois) où il a également travaillé. Mon père avait ce visage si vaste du monde : un extraordinaire pouvoir d’adaptation. Il était né à Paris dans un siècle marqué par les guerres et les bouleversements historiques. Sa situation précaire de fils d’apatrides russes blancs, exilés en France après la révolution russe, l’a obligé dès son plus jeune âge à devoir s’adapter très rapidement aux exigences de l’existence en société. Avides de beauté et de culture, mes parents nous ont immergés sans ménagement dans la civilisation de l’Égypte antique, dans celle de l'Iran également. En Égypte, la fréquentation des pyramides, tombes, nécropoles, mastabas, temples, les nombreuses statues géantes des Dieux, colosses de Memnon, momies, sarcophages, sphinx, hiéroglyphes, obélisques ont fait partis de notre « pain quotidien. » Les histoires comme la pesée des âmes; Anubis venant chercher le mort; le cœur du mort sur le plateau gauche de la balance et le siège de l’âme placé dans un pot; la plume de justice, symbole d’innocence placée sur le plateau droit : si le cœur du défunt s’avérait plus lourd que la plume, un monstre dévorerait le cœur. Voilà ce qui résonnait dans mon cœur d’enfant. L’Égypte Pharaonique racontée dans Le Guide bleu (livre de chevet de ma mère à cette époque) qu’elle transmettait généreusement à sa progéniture, les discours interminables des guides dans les tombeaux des Rois dévoilant le mystère des fresques souterraines, tout cet univers si mystérieux s’est imprégné dans le terreau de mon enfance en couches successives dans mon inconscient. Le culte omniprésent des Dieux et des morts, la puissance vibratoire indescriptible de ses personnages-animaux divins gigantesques sculptés à même le roc, toute cette géographie sacrée gravée à même le territoire cachant une immense connaissance et sagesse universelle : tout cela m’a traversée. J'ai donc hérité de mes parents un riche bagage culturel, la passion des voyages et une curiosité insatiable. Avec l'âge, une certaine distance face aux traditions de ces différents pays s'est naturellement créée. Mais, en même temps, demeure toujours profondément ancrée en moi l’impression que toutes ces cultures sont aussi les miennes. Cette immersion dès mon plus jeune âge dans toutes ces cultures m’amène aujourd’hui à comprendre que je contribue à la création de ce paysage humain multiple et en mouvance par mon corps, ma parole et mon esprit. Artiste habitée, ma créativité emprunte beaucoup d'avenues. Je vois essentiellement la création comme un parcours de révélation à soi-même. Dans le domaine pictural, elle va de l'illustration à des créations beaucoup plus abstraites. Mais mes préoccupations ne sont pas essentiellement d'ordre formel. Ma créativité tend à s'exprimer au-delà de toutes catégories d'abstraction ou de figuration. À mes yeux, la qualité principale d’une œuvre est que celle-ci témoigne d’une réalité vitale au-delà de nos sens, ce que les Japonais appellent le Yūgen. C’est en cela que l’œuvre devient universelle, transcendant le temps et les modes.
Sous-titrée "A Women's Folktale", Mala est l'histoire d'une courageuse jeune fille qui défie les obstacles et part à la recherche d'un démon responsable d'une terrible sécheresse. L'histoire est adaptée d'un film tourné en Inde, lui-même basé sur un conte traditionnel indien. Il s'agit d'une édition nord-américaine avec de magnifiques œuvres de l'artiste québécoise Annouchka Gravel Galouchko. Le frère de Mala, Mani, est transformé en pierre lorsqu'il tente de récupérer la graine de pluie que le démon a volée. C'est maintenant l'occasion pour Mala de sauver le village et de retrouver son frère. Mais parce qu'elle est une fille, on lui refuse la possibilité de relever le défi. La solution : se transformer en son alter ego masculin. Le garçon qui en résulte, Amal, est alors équipé d'un miroir spécial, à l'intérieur duquel se cache Mala. C'est une chance pour Amal, car il ne peut répondre à aucune des trois énigmes du démon sans l’aide subtile de Mala à l'intérieur du miroir. À la fin, Mala est récompensée justement par le roi pour sa bravoure et sa sagesse - un bon modèle d’estime de soi tant pour les filles que pour les enfants du monde entier. L'œuvre d'art est remarquable. Des couleurs riches et audacieuses sont utilisées conjointement avec des motifs et des symboles, à la fois dramatiques et humoristiques. Galouchko, qui a remporté le prix du Gouverneur général en 1995 pour son livre Shô and the Demons of the Deep, fait preuve aussi dans Mala d'une sensibilité remarquable dans ses paysages, symboles et motifs indiens. Notre maison était peuplée d'art et d’artisanat issus de nos nombreux voyages et de ceux de mon père en Afrique, en Inde et dans les pays scandinaves. Il ne s'agissait pas de l'artisanat destiné aux touristes endormis, mais d'objets signifiants parlant de la vie psychique des peuples et de leur âme. Je me rappelle, entre autres, les poupées cousues par des enfants dans des tissus variés sentant encore le vent du désert, les épices et le cuir. Elles étaient mes compagnes de jeu. Parfois, notre famille de quatre enfants ne pouvait accompagner mon père dans ses voyages de plusieurs mois de travail intense à l'étranger. Nous restions avec ma mère dans notre maison à Montréal, poursuivant notre routine d'écoliers. Mais nous suivions, à travers les récits de ma mère, notre père à l'esprit aventurier. Ses nombreuses pérégrinations n'étaient pas dépourvues d'épisodes parfois époustouflants et d'événements colorés. À travers ses lettres et nos nombreuses collections de timbres séchant dans toute la maison sur d'interminables rouleaux de papiers de toilette, nous suivions ses voyages. ©Annouchka Gravel Galouchko, Canard à la Perle ou Frisson d'enfants, acrylique et collage sur papier, 2006. Couverture du roman de Pauline Michel, Frissons d’enfant, XYZ éditeur, Montréal, 2006. Ikka no myoju en japonais signifie : « L’univers entier est une seule perle brillante. » Phrase célèbre dans les annales du zen du Maître Gensha, pour expliquer l’enseignement bouddhique.
Un jour le Maître Gensha dit ceci à un moine : "Tu te débats pour te libérer dans la caverne des démons de la montagne noire. Moine, tu n'as pas pu comprendre que tout l'univers est une perle brillante. Tu as un peu compris, mais pas vraiment... Tu penses d'une manière intellectuelle; tu es empêché, par ta pensée, d'avoir la véritable compréhension intime et sans limites. Tout est une perle brillante, même l'antre des démons de la montagne noire." Dogen, maître zen japonais (1200-1253), commenta par la suite la fameuse histoire de la perle brillante : « Comment peut-on utiliser cet antre du démon de la montagne noire ? La caverne du démon de la montagne noire peut aussi être une perle brillante. Ton cerveau lui-même est une perle brillante. Ton esprit lui-même est une perle brillante, même la grotte du démon de la montagne noire." Extrait du Le Shobogenzo (l’Oeil du Trésor de la vraie Loi.) C’est souvent bien après que mes tableaux ont été créés que j’en perçois plus clairement la signification et l’origine. Dans l’image, Frisson d’enfants, le corps du canard est réellement constitué d’une énorme perle. La photo de l’oiseau est tirée d’une carte postale iranienne que j’ai achetée à l’âge de 14 ans à Téhéran, alors que mon père travaillait là-bas. J’adorais ce bijou qui fait partie de l’importante collection de joaillerie de la couronne impériale de Perse. Ayant conservé durant toutes ces années la carte postale de l’oiseau, j’ai redonné au canard sa liberté dans le ciel de mon tableau. Le monde entier dans les dix directions est une seule perle brillante : cela est symbolisé par l’oiseau libre comme le vent. Les trois personnages poissons en tchador représentent trois femmes courageuses, mais qui sont en même temps terrorisées par le terrifiant voyage de l’âme qu’elles vont entreprendre jusqu’à la découverte de la clarté de leur propre esprit. On voit qu’elles luttent pour ne pas entrer dans la caverne du démon de la montagne noire où se trouve pourtant caché depuis toujours le joyau étincelant. Les éléments chimériques un peu inquiétants sommeillant sous l’eau ont servi antérieurement de vignettes dans mon livre, Shô et les dragons d'eau. Cette image du Canard à la Perle a été utilisée par la suite pour illustrer la couverture du livre : Frisson d’enfants de l’écrivaine, Pauline Michel, éditions Xyz, Montréal, 2006 |
ARCHIVESL'artisteAnnouchka Gravel Galouchko est une artiste multidisciplinaire qui considère chacune de ses créations comme un parcours de révélation à soi-même. liens |